« (...) c'est ici pourtant
dans cette ville
que j'ai dit adieu
au grand photo-journalisme sacré
du reporter qui se tait, qui obéit
qui ne répond pas.
J'avais osé écrire mes « notes »
une autre légende sous mes photographies
pas la même que celle des magazines illustrés
qui avaient acheté mes images
j'avais parlé d'une autre vérité
sacrilège de quoi il se mêle ?
Le parfait reporter ne doit pas avoir d'états d'âme
il doit témoigner et se taire
pour fuir ensuite sur d'autres fronts
il sera un héros moderne
il racontera sa vie bien plus tard
dans un gros livre avec des belles images
ou bien il ne reviendra pas.
Je crie je suis en colère
parce qu'ils ne sont plus là
ceux avec qui j'ai cru moi aussi
au grand journalisme concerné
ils ne sont plus là
les Météores photographes
Gilles Caron, Michel Laurent
morts au champ d'honneur
le temps d'être père
et bon reporter (...) »
— Raymond Depardon, in Voyages,
(ici le retour à Beyrouth)
Hazan 2004, pp. 410 et 412
2 commentaires:
Mon livre favori de mon photographe préféré.
Merci de m'y faire penser, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas sorti de la bibliothèque.
Je t'en prie, Romain. Même chose pour moi : cela faisait trop longtemps et j'avais oublié.
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