mardi 24 décembre 2013

N'être pas chez soi

La photographie serait ennuyeuse si elle ne consistait qu'à rechercher une zone de confort, un chez soi. Développer un style, ce n'est pas creuser toujours le même sillon. Au contraire : « Un style, c'est arriver à bégayer dans sa propre langue » comme dit Deleuze.

Hésiter, c'est progresser. Trouver un truc, c'est stagner. 




J'ai décidé de revenir sur mes pas. De pratiquer, de nouveau, le portrait de rue. Et vous savez quoi ? Ça n'est pas facile de s'y remettre. A un certain moment, vers 2009-2010, j'utilisais principalement des appareils moyen format 6x6 tels le Rolleiflex, les Bronica S2, EC-TL ou C, le Rittreck 6x6, le Minolta Autocord... et lorsqu'on me disait que mes portraits étaient bien, je disais "merci" mais j'en doutais beaucoup.




Mon attrait pour le 6x6 s'est estompé, j'ai revendu un à un mes boîtiers. C'était presque une ascèse, mais je n'ai eu aucun regret : pendant quelques mois, ça m'a permis de progresser un peu en composition. Mes images carrées étaient souvent mal composées, alors j'ai repris mes gammes en 24x36.




Mais je ne suis pas tout d'un bloc, et je bégaye parfois dans ma propre langue. Alors j'ai récemment acheté un Rolleicord... puis un Bronica C. J'ai ressorti deux optiques qui étaient restées tout ce temps au placard et timidement, j'ai recommencé à aller au-devant des passants dans la rue. Je ne sais pas encore ce que ça donne. J'attends d'avoir davantage de photos pour développer plusieurs rouleaux d'un coup.




Ah oui : j'ai écrit ce billet à Angers. C'est pas très loin de chez moi, mais c'est très bien. :)

dimanche 27 octobre 2013

Ecrit à Londres

Je suis à Londres depuis une petite semaine et je retourne chez moi demain. J'étais déjà venu à Pâques et ces quelques jours ont confirmé tout le bien que je pense de cette ville. Je n'ai pas fait autant de portraits que j'aurais voulu, mais j'en ai fait quelques uns et puis… j'ai découvert des quartiers que je n'avais pas pris le temps de voir il y a six mois.


A Camden market, j'ai trouvé une ambiance très improbable qui m'a rappelé le Hellfest. Dans les rues avoisinantes, déjà, on croise des badauds habillés comme pour un carnaval. Chacun sa référence vestimentaire, l'ensemble est plutôt bigarré. C'est le royaume de la babiole, de la junk food. Il paraît qu'on y trouvait encore un artisanat digne de ce nom, il y a quelques années. Aujourd'hui 95% des marchandises à vendre sont made in China et les trois quarts des commerçants sont eux-mêmes d'origine asiatique. C'est aussi un labyrinthe surchargé de tissus, de miroirs, un temple nostalgique et poussiéreux dans lequel tout est objet de commerce.

J'ai utilisé à part égale mon petit boîtier fétiche du moment : le Konica IIIA équipé de son Hexanon 48/2 ainsi que le Konica Hexar. Mon second KIIIA avec son optique 50/1.8 est resté au stand. Contrairement à la fois précédente, j'ai délibérément laissé le reflex à la maison et je n'ai utilisé qu'un seul film : la Kodak Tri-X.


Alors les trois premiers jours, un petit rouleau par jour. Puis le troisième (le jour de Camden), trois rouleaux d'un coup. J'ai essayé de résister à la tentation de la photo "touristique" : bâtiments (Big Ben, Tower Bridge) ou détails pittoresques (bus à étage, cabines téléphoniques, panneaux de signalisation). Je recherche de nouveau, avec une certaine avidité, le portrait de rue.




Depuis bientôt six ans, j'ai gardé très fort en moi l'obsession de réussir, un jour, une bonne photo. Je suis persuadé qu'elle viendra à partir d'une rencontre fortuite, dans la rue par exemple. Je crois de plus en plus à cette théorie surréaliste qui prône le surgissement du rêve, de la poésie dans le quotidien. Ça a marqué Cartier-Bresson dans ses années de formation, on retrouve aussi cela dans certaines photos de Izis, de Ronis, de Boubat. 

Qui sait ? Un petit moment de poésie m'attend peut-être sur le ferry, demain ? En tout cas, je vous souhaite d'aussi bons moments que ceux que j'ai passés ici à marcher et discuter dans les rues, les parcs, les pubs et les musées de Londres, muni d'une bonne paire de chaussures, l'appareil à la main et quelques pellicules noir et blanc dans les poches.

mardi 15 octobre 2013

La théorie de la claque visuelle

Hmm...
Jours de pluie et de douleur aiguë : je suis consigné à la maison pour quelques jours pour cause de sciatique. Je viens d'en profiter pour relire quelques pages de ce journal télémétrique.




Depuis plusieurs mois déjà, je ne parle que d'épurer la photo, c'est-à-dire à la fois se défaire des préoccupations parasites et vider le rectangle (au lieu de le remplir). Dans le dernier billet, un lecteur du blog souligne un point sensible : y a-t-il dans ce "retour aux émotions brutes" un côté mystique ?







Je recopie ici la réponse que je lui ai faite :
Un côté mystique ? Ça ne m'étonnerait pas trop effectivement. Mais mystique laïc alors. Quant à être à l'écoute de ses émotions, sincèrement, c'est une discipline à laquelle j'essaie de m'astreindre autant que je peux. Ce n'est pas si évident d'épurer la photo de l'intellect, des doutes, des craintes. En juillet dernier, je me suis retrouvé au sommet du Mont Ventoux. La claque visuelle est telle qu'il est facile d'appuyer sur le bouton sans arrière-pensée. Le plus difficile, c'est d'agir de la même façon au coin de la rue.






Je ne vous avais pas encore montré les photos en question, prises sur le Mont Ventoux et le Mont Serein. C'est chose faite maintenant. Vous conviendrez sans doute que ça m'a mis une claque.

lundi 30 septembre 2013

Appuyer sur le bouton

Je viens d'entamer une drôle de lecture : La Photographie en collection de poche par un certain Edouard Boubat. Un livre que j'ai acheté comme un souvenir de ma dernière visite à la M.E.P., fin août. Je suis intrigué, pour ne pas dire un peu déçu, de constater qu'un type comme lui ait perdu son temps à rédiger ce manuel technique. A vrai dire, le seul intérêt que je trouve au bouquin jusqu'ici est de revoir certaines de ses photos, légendées pour servir d'exemple dans telle ou telle situation.




Pourtant, un petit mot de son introduction m'a quand même touché, parce qu'il correspond exactement à ce que je pense actuellement sur mes propres photos : « Je vois des choses étonnantes ou rares et le plus souvent, comme par prédilection, la simple banalité. La banalité, c'est la vie même : un rayon de soleil sur une fenêtre, la pluie sur un étang, la pénombre dans une chambre, le rire dans les yeux. Certes, l'extraordinaire nous attire un instant. Mais la simplicité, toujours présente et changeante, nous retient plus longtemps parce que c'est en elle seule que réside l'essentiel. »






Et cinq lignes plus bas : « Je suis confondu par mon impuissance à dire comment je m'y prends. Au vrai, je n'ai rien à faire qu'à appuyer sur le bouton. La photo, ce n'est que ça, rien que ça. »






Je ne lis pas que des notices, des manuels techniques ou des modes d'emploi, heureusement. J'ai la chance cette année d'enseigner les Lettres dans un lycée. Alors le plus souvent, je lis des romans et j'en étudie des extraits. Des classiques comme Mme de La Fayette, l'Abbé Prévost, Marivaux, Diderot, Sade, Stendhal, Balzac, Flaubert, Maupassant, Proust, Radiguet... par exemple. Depuis mon retour à Orsay, je passe aussi du temps à redécouvrir des tableaux. La petite vie intérieure n'en est que plus stimulante.

Est-ce que ça modifie ma façon de faire des photos ? Certainement, car j'ai perdu toute ambition photographique : je ne fais que des photos simples. Je me contente littéralement d'appuyer sur le bouton. Pas vous ?




jeudi 1 août 2013

In London streets

En avril dernier, je suis retourné à Londres. J'avais deux appareils avec moi : un télémétrique à optique fixe et un reflex avec trois optiques. Le Konica IIIA a peu servi, je ne sais pas pourquoi. Au contraire, j'ai fait pas mal de photos au Konica T3N.




 


C'était principalement de la photo de rue, et parfois des clichés "touristiques". La plupart du temps, j'ai utilisé le 40/1.8. Plus rarement le 57/1.2. Et j'ai fait un demi-rouleau au 28/3.5 en hyperfocale. Les films : Kodak Plus-X et Tri-X. Développement maison dans du Xtol.


 







J'avais opté pour le T3N, que je venais tout juste de recevoir, plutôt que pour le T3 simplement pour me rassurer au niveau de la mesure de lumière. J'ai eu la mauvaise surprise de constater au retour, dès les deux premiers rouleaux développés, qu'hélas la mise au point sur le T3N est légèrement décalée : ce qui apparaît net dans le viseur est en réalité en retrait d'une dizaine de centimètres sur la photo. Et comme j'ai presque tout photographié à grande ouverture et en faisant le point rapidement... Bref ! Ne jamais emporter avec soi un appareil trop récemment reçu : il faut d'abord tester et approuver sur plusieurs pellicules les résultats escomptés.




Tout ça ne dit pas grand chose de ces quelques jours... Ils furent étonnamment très ensoleillés et chauds, avec des lumières dures et le bruit de la circulation parfois assourdissant. Mais globalement, Londres m'a surpris : c'est une ville beaucoup plus calme que Paris et les parcs sont nombreux. La ville n'est pas haute mais elle est très étendue. A partir de 17H, les Londoniens descendent par quartiers entiers dans les rues et vont au pub boire des bières. La lumière dans les rues en fin d'après-midi était belle mais tranchante. J'ai pris beaucoup de photos de personnes à deux ou trois mètres, parfois plus. Plus j'étais proche et plus le problème de mise au point apparaît sur les photos... Mais après tout la netteté est un concept bourgeois, paraît-il.





dimanche 16 juin 2013

Moleskine

Cher journal télémétrique, je te néglige décidément ; mais c'est pas ma faute. Non. Ben oui, non : c'est que pendant que je me tais ici, je noircis soixante et quelques pages sur un cahier Moleskine. Des mots, des dates, des croquis aussi. Des croquis des photos que je ne développe pas, que je ne développe plus.







Clic. Clac. Clic clac Kodak. Je déclenche sans savoir — sans avoir — sans en voir le résultat. 600 photos à Londres, deux rouleaux développés. Pareil à Lourdes, de la couleur : je claque une centaine d'euros au labo mais les négatifs restent là, dans la boîte cartonnée dans laquelle ils m'ont été déposés. Une photo m'a paru pas mal, et encore.



Cher journal télémétrique, chère lectrice cher lecteur, un poème pour toi :

Incertains du cœur
Incertains de l'âme
et des mouvements de l'esprit
Ignorant des fruits de l'ombre
Ignorante du soleil
Insoucieuse insouciant
dormant dans la confidence
de la source de la feuille
de la framboise étourdie
d'une taille de fougère
oublieuse oubliant
le temps le songe écoutant
et parfois n'écoutant plus
Enfants de terre incertaine






Il y a quelque chose que mon Moleskine ne peut pas faire : c'est me permettre de partager les quelques images qui me restent. Alors c'est à ça que tu me sers, mon amour télémétrique.

 Le poème « Ignorante ignorant » est de Henri Bauchau

vendredi 17 mai 2013

Malgré moi ?

« Le poids, c'est la peur. » C'est ce qu'a écrit Jean-Christophe Rufin dans son dernier livre Immortelle randonnée sous-titré "Compostelle malgré moi". Le poids du sac à dos pour celui qui est en chemin, pèlerin ou simple marcheur. Mais aussi tout le poids qu'on prend sur le dos, les affects. Les questions du départ et celles qui restent à l'arrivée : qui suis-je ? pourquoi je fais cela ? qu'est-ce qui est important pour moi ? qui j'aime ? qui m'aime ?

Ça m'a fait sourire d'entendre cela hier soir alors que je retourne à Lourdes, d'ici cinq minutes et pour trois jours. J'ai allégé mon sac photo mais j'ai l'esprit encore encombré : le boulot, les préoccupations du quotidien, le pincement au cœur d'un week-end loin de mes proches... et puis le désir (trop) ardent de faire une bonne photo, un jour.

Quoi qu'il en soit, bon week-end et bonnes photos à tous !

lundi 6 mai 2013

Un dimanche de Pentecôte






Aujourd'hui je suis retourné au centre de Lourdes deux fois, matin et après-midi. Je voulais faire davantage d'images. J'aurais dû faire beaucoup plus de portraits parce que les gens ne disent absolument rien, même les gars un peu intimidants, même les petits vieux, même les religieux ou celles et ceux qui tirent/poussent les chariots.



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Ce soir, une scène burlesque à l'accordéon devant l'hôtel Notre-Dame de France. Le musicien sort et hommes et femmes se mettent à danser sur les marches et sur le trottoir. Des portugais, qui dansaient de façon désordonnée.

J'ai loupé une bonne photo : une religieuse japonaise guidant un groupe vers la basilique, marchant en arrière tout en parlant de sa petite voix discrète dans un micro relié à un ampli miniature qu'elle portait sous le bras. Je prends une photo "au vol" et juste après elle me regarde, me fait un sourire aux yeux pincés et lève une main comme pour me faire un signe, poing fermé, l'index et le majeur s'ouvrant en "V". Tout ça n'a duré que le temps que je réarme. Ensuite, elle s'en va dans une petite alcôve cachée dans l'entrée de la basilique. Elle ressort pour faire entrer son groupe. Me demande si je suis français ; je dis « oui », elle répète « oui » et d'un air empressé referme la porte derrière elle pour commencer l'office. J'aurais dû m'y inviter : elle était belle comme tout !

Et ce médaillon cassé que j'ai trouvé ce matin, en descendant à pieds dans le soleil...


(Extrait de mes notes du dimanche 27 mai 2012)

vendredi 22 mars 2013

Un moment suspendu

Ici le temps est vraiment capricieux et commence à me taper sur le système, mais je ne vais pas (encore) vous parler météo... alors po-si-ti-vons ! Voici quelques photos prises pendant de vagues éclaircies. Je ne vais pas bien loin, mais je me ménage régulièrement quelques parenthèses : Villès-Martin, La Baule, Saint-Brévin.

— 1

Les bords de Loire, c'est toujours le même décor mais c'est toujours un peu différent. C'est un bon exercice pour l'œil de chercher à faire une photo là où je suis déjà allé. Il y a le plaisir du déclenchement, et la surprise au développement de relever le filet. Il est souvent peu rempli mais c'est très bon pour la patience et pour l'humilité.

— 2

A ce propos, j'ai appris récemment que mon accréditation photo ne serait pas renouvelée cette année pour Hellfest. Je comprends bien les organisateurs : j'avais moi-même été surpris de voir à l'œuvre cette foule de photographes, ça se voyait bien que nous étions trop nombreux. De plus, les résultats que j'ai pu voir en ligne étaient très homogènes, très "normés" : les artistes sur scène en contreplongée, traitement dramatique, vignettage artificiel  et couleurs sur-saturées. Tout était "trop" : le grand angle tendant au fish-eye, le noir et blanc sans gamme de gris, les poses devenant des mises en scène. Je remercie l'équipe de Hellfest pour les deux années passées et j'espère les retrouver plus tard.

— 3

De passage à Quimper pendant les vacances d'hiver, je me suis fait plaisir en retournant sur les plages que je fréquentais il y a quinze ou vingt ans, dans la baie de Douarnenez. Kervel, Sainte-Anne-la-Palud, Pentrez : les plages plates, idéales pour le char à voile, des plaines de sable orientées plein ouest.

— 4

Au quotidien, je continue d'arpenter à Saint-Nazaire la plage du Grand Traict, les carrelets et la pointe de Kervillès. Depuis que le KIIIM m'a lâché, j'y promène un Hexar et le KIIIA au télémètre décalé. J'écoule une fin de stock d'Ilford PanF qu'on m'avait envoyée par erreur — j'avais commandé de la Pan 100 — et toujours de l'Agfaphoto APX 100.

— 5

— 6

J'ai reçu par la Poste un joujou improbable. J'avais en effet trouvé un second KIIIM au moment où le premier s'est arrêté de fonctionner. Je comptais au départ simplement le remplacer par celui-ci. Mais à réception, le second semblait fonctionner à peine mieux que le premier. J'ai décidé sur un coup de tête de contacter un ingénieur japonais qui a acquis une certaine notoriété sur le web pour avoir conçu quelques optiques en séries limitées et transformé des optiques à la demande : il s'agit de M.S. Optical. J'ai envoyé le second KIIIM en demandant s'il était possible de récupérer l'optique et de la convertir en monture M. Et au bout d'un mois environ... j'ai reçu ce montage inédit, parfaitement calé et plutôt bien fini.

N'ayant pas de boîtier M pour utiliser cette optique, je l'ai simplement essayée sur un boîtier numérique à l'aide d'une bague. Je me sens comme en suspens : à attendre que les beaux jours reviennent pour de bon et espérant retrouver un boîtier M — 2, 3 ou 4 ? — qui me ferait de nouveau vibrer pour cette marque que l'expérience m'a fait bouder.

— 7

lundi 18 février 2013

Lumière, moteur, action

Bon, une toute petite mise à jour en passant : le soleil a décidé de reparaître depuis trois jours et ça change pas mal de choses, à commencer par mon humeur. J'en ai profité pour sortir un peu, vider deux ou trois rouleaux, étrenner un Hexar sur les bords de la Loire et au marché de Talensac à Nantes.

Avec ce beau temps et l'arrivée imminente des vacances d'hiver, des projets d'autres vacances et d'autres sorties prennent forme. J'en reparlerai le moment venu.

Vraiment, un beau ciel bleu comme ce matin, ça fait un bien fou.


mardi 29 janvier 2013

KIIIM à Clisson

J'ai développé récemment un ou deux rouleaux que je conservais au frigo depuis juin dernier : des instantanés du Hellfest 2012. J'en profite pour vous montrer une petite série tirée de ce travail puisque apparemment je ne l'avais pas encore fait jusqu'ici.




















dimanche 27 janvier 2013

KIIIM à Paris

C'est bon, vous pouvez souffler : mes pulsions matérialistes et en particulier mon petit côté Konica fanboy ont enfin été puni(e)s. Mardi dernier, j'ai renvoyé le Pearl IV à cause de son ergonomie imparfaite et de son télémètre mal calé. Vingt minutes plus tard, alors que je me trouvais sur le front de mer avec dans l'idée de déclencher un peu pour ravaler ma déception, l'obturateur de mon Konica IIIM n'a plus voulu bouger.

Alors voilà, la messe est dite. Ça a été mon boîtier préféré pendant trois ans. J'ai revendu mon Leica M2 le cœur léger pour lui. J'ai revendu mon Rolleiflex sans un regret en me disant que j'allais enfin me consacrer pleinement au KIIIM. J'ai renvoyé le Pearl IV, renoncé à reprendre un Bronica, je n'ai pas bronché quand mon Konica Auto S1.6 a claqué récemment.

Avec ce petit KIIIM je suis allé à Lourdes en mai 2012. L'Hexanon 50mm/1.8 et le viseur 1:1 se sont révélés bien plus performants que le Carl Zeiss ZM Sonnar 50mm/1.5 monté sur un M6 x0,72... et tellement moins coûteux ! Je l'ai aussi utilisé au Hellfest en juin et j'ai adoré, alors que les photos au Rolleiflex m'ont laissé assez indifférent. Puis cet été dans le sud, en alternance avec le M2 mais le Konica s'en est mieux tiré. Et finalement en décembre je l'avais pris à Paris.




Ce pourquoi j'ai adoré ce boîtier pendant tout ce temps, ce n'est pas sa fiche technique. C'est juste qu'il m'a accompagné un peu partout et que finalement il m'a accompagné tout court. J'ai pris énormément de photos du quotidien avec cet appareil. Des photos de tout et de rien, des portraits, des photos de famille, des paysages, la route. Pour moi un rouleau de noir et blanc et mon KIIIM, c'était devenu mon carnet intime. Ça commençait à ressembler à mon appareil idéal... ç'aurait été encore mieux s'il ne m'avait pas planté comme ça.

Maintenant, il me reste un KIIIA au télémètre décalé et un gros reflex que je n'utilise pas. Bouh ! Ça fait bizarre.

lundi 21 janvier 2013

Un journal ordinaire

Ce blog, "l'amour télémétrique", c'était d'abord pour parler de matériel et de technique. Pour consigner ce que je découvrais en amateur lorsque je me suis remis sérieusement à la photo, en janvier 2008. Pour faire l'article d'un appareil ou d'un objectif, façon test sur le terrain. Steve Huff ou Kirk Tuck auraient pu être mes modèles du genre, si je les avais lus à l'époque. Mais je les ai découverts un peu plus tard.

Puis, le blog est devenu un foutoir à pensées. Pour garder des traces de mes lectures (ici, ... ), de mes rencontres et des réflexions qui en découlaient. Au départ j'étais tellement fier d'être un amateur ignorant, de pouvoir déclencher sans chercher à imiter, je me flattais de faire de la photo sans y rien connaître tel M. Jourdain. Alors quand je me suis mis à lire des ouvrages photo, j'ai voulu compenser...

Et puis il y a eu la volonté de construire de petites séries, au format de reportages : les manifestations, les petits métiers, les pêcheurs des côtes bretonnes... les portraits de voyageurs pendant l'été 2010... Rome, Erdeven... Hellfest 2011 et 2012... Lourdes...

Depuis quelques temps, je ne sais pas trop si ma pratique de la photo avance, régresse ou tourne sur elle-même comme un rongeur dans sa petite roue. Je n'ai plus la patience de faire des fiches techniques, je lis de nouveau de tout et je n'ai pas l'ombre d'un projet de reportage pour l'année qui commence. Alors je me suis tout simplement mis à développer mes deux/trois ans de retard de développements. J'ai accumulé non pas des dizaines mais des centaines de rouleaux 24x36 et 120 dans mon second frigo. Dessus, des images du quotidien. Rien d'exceptionnel mais ça n'est pas spécialement mauvais ni inintéressant non plus.

En matière photographique, c'est ma seule ligne continue entre janvier 2008 et janvier 2013. C'est juste un journal ordinaire comme dirait François. C'est avoir l'idée d'un journal photo, mais en réalité le journal s'est constitué tout seul et l'idée n'est venue qu'après. L'idée qui fait de ce journal un objet photographique. L'idée de donner du sens après coup à cette pratique quotidienne presque mécanique. En ce moment, ce journal est ma seule actualité photographique, mais au moins elle est actuelle au sens fort.

C'est comme si toute la tension qui soutient une bonne photo était ici diluée sur cinq ans. Aucune des photos de mon journal n'est bonne en elle-même. Le seul intérêt qu'on peut y trouver, c'est la façon dont elle est reliée à d'autres photos isolées, et peut-être à l'ensemble. Cet ensemble n'est pas achevé, mais il est déjà rempli de moments non-décisifs, de déclenchements indécis. La plupart du temps, l'envie toute simple et toute brute de déclencher suffit à me satisfaire. 

Après tout, cinq ans d'un journal ordinaire... cinq ans d'images à redécouvrir comme on décide un jour de sortir une à une les bouteilles d'une cave, et de voir si elles ont gagné à vieillir un peu à l'abri des regards, dans l'oubli. C'est déjà pas mal comme projet, non ?
















mercredi 16 janvier 2013

Milano

Toussaint 2011. Sur le chemin qui menait à Rome, en mettant à profit une correspondance un peu longue, j'ai passé une journée à Milan. J'avais déjà vu Turin, Gênes, Venise, Bologne, Sienne, Florence et les paysages de Toscane ; mais pas Milan. Située comme Turin aux pieds des Alpes, Milan est une cité industrielle (le siège de Fiat), cité des affaires et cité de la mode (la fashion week). 

Les axes de la ville à partir de la gare sont larges et bordés de bureaux. Dans le "Centro Storico", on trouve comme d'habitude en Italie de belles églises, des pierres de tous âges et des scènes de vie : livreurs en triporteurs, restaurateurs sous les galeries, jeunes cadres dynamiques en costume sombre.

Je n'ai pris que quelques images à Milan. Il faisait gris et j'avais commencé un rouleau de Tri-X le matin, peu avant de prendre l'avion.










mercredi 9 janvier 2013

À 74 dans le 75

En décembre dernier j'ai eu la très belle opportunité d'accompagner un groupe de 67 élèves de Troisième à Paris pour quatre jours. Nous étions sept accompagnateurs et cela n'était pas de trop pour encadrer des journées bien remplies, ponctuées de trajets en métro, de visites de musées et de monuments, d'escapades à la nuit tombée ou encore de passages au Restaurant Universitaire...

J'avais pris avec moi mon équipement désuet de Konica fanboy : un reflex pour le voyage aller et retour (Autoreflex T3) qui est resté dans la valise une fois sur place, le KIIIM pour les scènes et portraits du quotidien et le Pearl IV pour faire quelques images plus posées si l'occasion se présentait. Elle s'est présentée à Beaubourg, que j'ai adoré redécouvrir.