lundi 28 septembre 2009

E100G

Voilà que ça m'a repris, vers la fin du mois d'août. J'aime photographier les gens en couleurs, les objets en couleurs, les... murs en couleurs, pourquoi pas.

D'abord Lucile, avec qui j'espère travailler de nouveau très très bientôt...


Et puis ce mur, à Arles. C'est bête un mur. Ça peut être beau aussi.


Rolleiflex 2.8E Planar + Kodak E100G

jeudi 17 septembre 2009

« On s'occupe »

Mardi 8 septembre. C'est le tout début d'après-midi, je descends en voiture une longue rue bordée d'arbres, parallèle à la Loire. Les feuilles ont commencé à tomber. La lumière est forte et les couleurs sont vives. Je suis un peu en avance...


Ce matin, j'ai repris en mains mon Canon FTb-QL, un peu par hasard, comme on envoie un email rapide à un vieil ami qu'on a perdu de vue. Je sais bien que tu ne m'accompagnes nulle part, qu'on n'a pas fait de sortie ensemble depuis longtemps, mais je ne vais pas te dire que je le regrette... C'est comme ça. Et puis ces derniers mois, j'étais concentré sur le télémétrique et le moyen format. Bon allez, viens : je t'emmène aujourd'hui. J'ai chargé une Provia 100F périmée, que je pousse à 200. La cellule semble réagir mais je ne jurerais pas qu'elle est juste.

Descendant cette rue, j'aperçois trois petits vieux - dont une dame qui porte une robe très colorée - qui jouent à la pétanque sur le trottoir. Je gare la voiture, j'attrape mon vieux reflex et je sors. Bonjour, je peux vous prendre en photo ?


Au déclenchement des premières photos, il me semble bien que l'obturateur est un peu rouillé... Peu à peu ça s'améliore. Les boulistes m'invitent à entrer au numéro 26 : il paraît que des tricoteuses se retrouvent là tous les mardi, et puis, dans la grande pièce en enfilade, des joueurs : jeux de cartes, scrabble. La lumière est faible, presque toutes mes photos sont prises à pleine ouverture et à vitesse lente.


(photos retirées)


L'accueil des gens est bienveillant. L'humour va bon train pendant que je fais le tour des tables pour réaliser quelques portraits. A côté de chaque table, sur un tabouret, une bouteille d'eau claire et quelques verres incassables empilés ; de petits sachets de gâteaux aussi. Je discute avec les joueurs sur les règles d'un jeu presque disparu. L'un d'eux ne peut pas se jouer à moins de trois personnes, et il n'y a plus que trois personnes à savoir y jouer ; il y en avait encore cinq l'an passé. Arrivé à la table du Scrabble, je m'étonne sur le mot "WEB", posé par une joueuse de 82 ans qui n'a jamais touché à un ordinateur de sa vie...


Je remercie mille fois toutes les personnes qui se trouvent là. Je leur dis mon admiration : je n'aurais pas pensé qu'autant de personnes se retrouvaient régulièrement dans ce petit village. Oh, on s'occupe, me répond-on plusieurs fois. C'est merveilleux ce verbe : "s'occuper ensemble" ou "s'occuper les uns des autres". On s'occupe, on s'occupe...

Le bâtiment en lui-même vaut le coup d'œil. Les occupants (occupés) des lieux empruntent le vélo, la voiture ou viennent à pied.



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Canon FTb-QL + FD 50mm f/1.4

Cellule embarquée

Fuji Provia 100F @200ISO périmée

dimanche 13 septembre 2009

Willy Ronis est mort

Gordes, where Willy Ronis (1910-2009) used to live
Le très beau village de Gordes, dans le Vaucluse, où a vécu Willy Ronis...
Bronica EC-TLII + Zenzanon 100mm f/2.8
Ilford HP5+ & Agfa Rodinal


J'ai découvert les photos de Willy Ronis très tardivement. Pour moi c'est l'équivalent d'un Doisneau. Sans doute plus exigeant, moins prolixe et tout aussi "humaniste". J'adore ses photos de Paris, ses nus dont le mythique "Nu provençal", ses scènes d'enfants. Cet été, j'ai eu le bonheur de voir quelques unes de ses plus belles photos en tirages 30x40 à Arles. Willy Ronis était à coup sûr une figure tutélaire de la photo, un "grand".


***


En hommage à Willy Ronis, voici un petit texte que j'avais écrit à la lecture de son recueil
Ce jour-là :

Willy RONIS est un grand photographe. La plupart de ses photos sont composées dans un style plutôt classique, qui n'est pas sans rappeler les photos souvent plus célèbres de Doisneau ou de Cartier-Bresson. Ronis se distingue de Doisneau, entre autres, parce que ses photos sont plus intimes : il met souvent ses proches en scène comme dans "La sieste", photo prise dans sa maison de Gordes en 1949.

Mais pour l'essentiel, le regard de Ronis est proche de celui de Doisneau. C'est un regard sans condescendance sur les gens de leur époque, et l'époque en question couvre pour ainsi dire le XXè siècle. Les photos prises juste après la Guerre sont parmi les plus belles : on y voit des gens simples, souvent pauvres mais dignes.

Willy Ronis choisit dans ce volume une centaine de ses photos et les accompagne chacune d'un texte qui commence par
Ce jour-là et prend des airs de Je me souviens. Moi, je me souviens d'un spectacle de danse de Raimund Hoghe, Another dream, où le chorégraphe et improbable danseur au corps difforme arpentait la scène en scandant ce thème : Je me souviens....

Le travail de Willy Ronis dans les intérieurs du Vaucluse ressemble à l'épuration esthétique d'un Georges de La Tour ou d'un Johannes Vermeer en peinture : haro sur la lumière et place aux matières, aux objets intemporels, aux silhouettes. Je pense en particulier au "Nu provençal", pourtant absent de ce volume. Même en noir et blanc on perçoit la couleur et le toucher des murs beiges, bruns ; des ocres de Roussillon aux rideaux déchirés qu'on trouve encore aujourd'hui lorsqu'on se perd à Gordes, à quelques pas d'un luxueux hôtel suspendu à flanc de montagne.

Willy Ronis a photographié Paris comme Doisneau, mais il a photographié le Sud probablement comme personne. Ses femmes sont superbes, depuis les "Marchandes de frites" jusqu'à "L'habillage des Beaucairoises" en passant par celles qu'on n'aperçoit qu'à peine, pendues au cou d'un permissionnaire ou cachées derrière la nudité de leur dix-huit ans.


190 pages, coll. Folio
Willy Ronis sur Wikipedia
Quelques photos de Willy Ronis
La
Quinzaine photo du Blog à Lire
"Willy Ronis est mort" :
Le Monde, Libération
"Willy Ronis" : archives sonores et vidéos sur le site de France Culture

mercredi 9 septembre 2009

Leitz lance le Leica M9

Dans quelques minutes, la firme allemande de prestige Leitz lancera son tout dernier appareil télémétrique numérique, compatible avec les objectifs "M" : le Leica M9.

Un grand nombre de fans de la marque débattent déjà depuis belle lurette sur des spécifications techniques dont pourtant presque rien n'a filtré jusqu'ici... suppositions, fantasmes... Ici et Ici, par exemple, et plus généralement par . Pour résumer l'intérêt de ce nouvel appareil haut de gamme, il s'agirait d'un Leica M8 pourvu d'un capteur plein format 24x36. Pour le reste, je laisserai aux experts le soin d'expertiser.

Histoire de marquer tout de même l'événement - car c'en est un, indéniablement - je vous propose de revenir quelques temps en arrière en vous souvenant de cet ancêtre numérique : le Leica M8 !

N'est-ce pas Wim Wenders qui en parle le mieux ?
;)


samedi 5 septembre 2009

Hommage à Christian Poveda, photojournaliste

Mercredi dernier, l'AFP a annoncé la mort de Christian Poveda, qui travaillait depuis plusieurs mois sur les Maras du Salvador, des bandes ultra-violentes vivant du commerce des drogues et malheureusement réputées pour leurs règlements de compte radicaux. Le photojournaliste français, qui avait passé la cinquantaine, a été retrouvé abattu d'une balle dans la tête.

Je suis justement en train de lire en ce moment le dernier numéro de l'excellent magazine "Polka" dédié au photojournalisme, dans lequel figurent plusieurs photos extrêmement fortes de C. Poveda. La nouvelle de son assassinat m'a donc sérieusement abasourdi.

Sauf à vous intéresser à ce sujet ou à la photo en général, comme c'est mon cas, vous ne connaissez sans doute pas Christian Poveda. Je vous invite à prendre quelques minutes pour découvrir
ce diaporama sur les Maras du Salvador.

Le film sur lequel travaillait Cristian Poveda,
La Vida loca (la vie folle) sortira le 30 septembre sur les écrans.

Plus d'infos sur les Maras :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maras_(gang)