lundi 28 novembre 2011

Point de suspension

Il n'y a pourtant, comme on dit, « rien à voir »... et moi qui croyais encore récemment avoir des choses à écrire, je m'aperçois qu'en ce moment il n'y a « rien à dire » non plus. Je suis dans un état comme abasourdi. Je pense au travail un peu malgré moi. Je me force à développer, à scanner. Je me sens las comme une grosse fatigue, les yeux qui piquent.

Je vois trop d'images, la plupart me paraissent sans intérêt. J'achète des livres de photos par wagons entiers : Sieff, Boubat, Larrain, Hersant, Gardin, Dieuzaide. Je ne retiens que les poètes, ceux qui explorent le gris. Les autres me distraient un instant puis...

Je ne me sens pas calme. Inerte. Ou agité. J'ai bien le droit d'écrire ce que je veux, de photographier comme je sens. Il y a une langue ou prendre et donner, c'est le même mot.



4 commentaires:

Benjamin a dit…

Partager c'est dans un premier temps se faire plaisir avant de vouloir faire plaisir aux autres.
C'est un sentiment tout à fait normal de ne pas être passionné 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Le mieux est de laisser le matériel de côté ... il saura reprendre sa place bien assez tôt.

Nicolas a dit…

Merci pour ton commentaire Benjamin.

Je ne me lasse pas de prendre des photos (ou de les donner ?) : même lorsqu'il n'y a pas de sujet évident, les choses passent sous nos yeux et il y a toujours des photos ici et là qui nous attendent.

Mais je me plains de n'avoir aucune photo "neuve" à montrer alors que j'ai un tiroir rempli à craquer de pellicules non développées. De la même façon j'ai 120 photos couleurs (Velvia 50) et 500 photos NB (Plus-X) à scanner suite à une escapade romaine. J'ai commencé mais je ne trouve pas vraiment l'envie de terminer.

C'est très étrange : c'est comme si en ce moment appuyer sur le déclencheur me suffisait. J'ai plaisir à regarder ensuite mes négatifs, mais beaucoup moins à les scanner. Quant au partage via Flickr, j'en reviens : à chaque fois qu'une photo me plaît personne n'y fait attention, à chaque fois que je trouve une photo facile ou insignifiante, les éloges se multiplient. Il en va de même sur les forums et dans une moindre mesure sur ce blog, où les quelques visiteurs qui me font le plaisir de laisser de temps en temps un commentaire ont fini par penser qu'il valait mieux ne pas me parler de mes photos.

Pourtant... ce n'est pas parce que je suis exigeant que je n'aime aucune de mes photos. En fait, je les aime et je les déteste bien plus que n'importe qui.
:)

Bref.

eric festinger a dit…

"Sentiment" partagé ici également partagé, Nicolas... une amie m'a simplement dit "arrête avec tes pourquoi, arrête de te poser des questions...". Pas de tiroir empli de pellicules à développer, mais une quarantaine de films à scanner, certains datant de l'été 2010... Envie de montrer des photos nouvelles, des photos que j'aime et qui le jour d'après me semblent sans force. Ou/puis le contraire. Avec toujours ce petit frein qui me retarde pour poster, la petite peur qu'elles ne soient pas "ressenties" fortement "à l'extérieur" de moi...

Certainement faut-il adhérer à Borges et son "Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis, et pour adoucir le cours du temps."

Nicolas a dit…

Merci Eric pour ton commentaire. Tu formules très bien ce que je ressens et que je peine à formuler. Merci vraiment.

Et cette citation de Borges... j'ai étudié Borges à la far avec un prof exceptionnel, je me suis répété cette citation pendant des mois et des années et j'ai fini par l'oublier, ne sachant plus où la retrouver. Merci de me l'avoir rappelée au mot près : ça n'a pas de prix d'avoir des lecteurs comme vous.
;)