Le très beau village de Gordes, dans le Vaucluse, où a vécu Willy Ronis...
Bronica EC-TLII + Zenzanon 100mm f/2.8
Ilford HP5+ & Agfa Rodinal
J'ai découvert les photos de Willy Ronis très tardivement. Pour moi c'est l'équivalent d'un Doisneau. Sans doute plus exigeant, moins prolixe et tout aussi "humaniste". J'adore ses photos de Paris, ses nus dont le mythique "Nu provençal", ses scènes d'enfants. Cet été, j'ai eu le bonheur de voir quelques unes de ses plus belles photos en tirages 30x40 à Arles. Willy Ronis était à coup sûr une figure tutélaire de la photo, un "grand".
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En hommage à Willy Ronis, voici un petit texte que j'avais écrit à la lecture de son recueil Ce jour-là :
Willy RONIS est un grand photographe. La plupart de ses photos sont composées dans un style plutôt classique, qui n'est pas sans rappeler les photos souvent plus célèbres de Doisneau ou de Cartier-Bresson. Ronis se distingue de Doisneau, entre autres, parce que ses photos sont plus intimes : il met souvent ses proches en scène comme dans "La sieste", photo prise dans sa maison de Gordes en 1949.
Mais pour l'essentiel, le regard de Ronis est proche de celui de Doisneau. C'est un regard sans condescendance sur les gens de leur époque, et l'époque en question couvre pour ainsi dire le XXè siècle. Les photos prises juste après la Guerre sont parmi les plus belles : on y voit des gens simples, souvent pauvres mais dignes.
Willy Ronis choisit dans ce volume une centaine de ses photos et les accompagne chacune d'un texte qui commence par Ce jour-là et prend des airs de Je me souviens. Moi, je me souviens d'un spectacle de danse de Raimund Hoghe, Another dream, où le chorégraphe et improbable danseur au corps difforme arpentait la scène en scandant ce thème : Je me souviens....
Le travail de Willy Ronis dans les intérieurs du Vaucluse ressemble à l'épuration esthétique d'un Georges de La Tour ou d'un Johannes Vermeer en peinture : haro sur la lumière et place aux matières, aux objets intemporels, aux silhouettes. Je pense en particulier au "Nu provençal", pourtant absent de ce volume. Même en noir et blanc on perçoit la couleur et le toucher des murs beiges, bruns ; des ocres de Roussillon aux rideaux déchirés qu'on trouve encore aujourd'hui lorsqu'on se perd à Gordes, à quelques pas d'un luxueux hôtel suspendu à flanc de montagne.
Willy Ronis a photographié Paris comme Doisneau, mais il a photographié le Sud probablement comme personne. Ses femmes sont superbes, depuis les "Marchandes de frites" jusqu'à "L'habillage des Beaucairoises" en passant par celles qu'on n'aperçoit qu'à peine, pendues au cou d'un permissionnaire ou cachées derrière la nudité de leur dix-huit ans.
190 pages, coll. Folio
Willy Ronis sur Wikipedia
Quelques photos de Willy Ronis
La Quinzaine photo du Blog à Lire
"Willy Ronis est mort" : Le Monde, Libération
3 commentaires:
Triste nouvelle. Il ne nous reste plus qu'à lui rendre hommage en défendant la photo humaniste qui connait des jours sombres avec les conséquences du droit à l'image...
"Willy Ronis a photographié Paris comme Doisneau, mais il a photographié le Sud probablement comme personne." Excellente et percutante dédicace!
et moins d'un mois après c'est le tour d'Irving Penn, 92 ans...
Puissions nous rester actifs aussi longtemps que ces deux là.
Oui, je viens d'entendre ça... Doisneau aussi est mort plutôt âgé. Poveda, Cappa, Caron n'ont pas eu ce privilège.
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