mardi 22 décembre 2009

Le "Petit Maroc"

Le quartier du "Petit Maroc" à Saint-Nazaire est un de mes préférés. Il est situé à l'abri de la base de sous-marins construite entre 1941 et 1943 par l'occupant allemand et les Nazairiens réquisitionnés. Au bout de la corniche qui longe la Loire, entre l'écluse et le phare. Vue sur la Loire, sur l'océan, sur le Pont et sur les grandes plages de Saint-Brévin-les-Pins, juste en face.

A l'époque où Saint-Nazaire et Paimbœuf n'étaient que deux petits villages, il fallut choisir lequel des deux deviendrait le seuil administratif de la Loire. Ce fut Saint-Nazaire. On construisit une digue, un large bassin. On fit venir de la main d'œuvre, qui s'installa durablement... le "Petit Maroc" vient de là. Saint-Nazaire se lança dans la construction de navires, acquit une destinée industrielle (MSC croisières, Total, Airbus, Alstom, Arcelor Mittal... ) et s'agrandit, Paimbœuf resta une petite commune de pêcheurs.

Aujourd'hui ce petit carré de maisons colorées d'à peine deux hectares est très convoité. Derrière ces anciennes maisons d'ouvriers, l'on trouve des jardins, des grillages, des chemins remplis de cailloux. Ajoutez quelques herbes folles, une vague impression de s'y perdre et vous comprendrez pourquoi les promoteurs immobiliers aimeraient
raser gratis.





On traverse une rue et on n'est plus dans le vieux quartier du "Petit Maroc", mais dans le rutilant ensemble d'immeubles du tout nouveau quartier "Ville-Port".





Bronica EC-TLII + Kodak E100G
juin 2009

lundi 7 décembre 2009

Estuaire, la suite en couleurs...

Après le premier épisode, et à la demande générale (woha, rien que ça), voici la suite en couleurs de mes pérégrinations d'un bord et de l'autre de l'estuaire de la Loire...



Olympus Mju: II & Fuji Pro 160C

lundi 30 novembre 2009

Rittreck 6x6

Tout a commencé dès 2008. J'ai découvert les galeries d'un photographe épatant sur Flickr. J'ai suivi avec avidité ses photos postées au quotidien depuis le Japon. J'étais complètement bluffé par le rendu des couleurs, la qualité du noir et blanc, le talent du photographe qui semblait toujours capter le meilleur d'une situation, d'une atmosphère.Jonathan Hillhouse - c'est son nom - a une manière d'utiliser la profondeur de champ qui touche à la virtuosité. Ses images s'éloignent bien souvent de la photographie pour rejoindre la peinture. Les scènes qu'il photographie deviennent presque irréelles, les objets changent de forme et de matière. Je me suis extasié pendant de longs quarts d'heure devant la photo d'un sac plastique blanc tombé à terre, ou bien devant celle de spores multicolores...

A force d'admirer le travail de Jonathan, dont le pseudo sur Flickr était autrefois Minamitane, j'ai voulu savoir quel matériel il utilisait. Non pas pour tenter bêtement d'imiter son travail, son style, car cela ce n'est pas le matériel qui le permet. Mais plutôt parce que ses photos me faisaient redécouvrir les charmes de la "P.O.", la pleine ouverture du diaphragme et ses conséquences sur le flou et la profondeur de champ.

Pour ceux qui comme moi sont toujours curieux de technique, et en particulier des outils photographiques un peu anciens, Jonathan utilise les boîtiers et objectifs suivants. Au titre purement technique, ceux qui m'intéressent tout particulièrement sont en gris :



Olympus OM-2
Olympus OM-4Ti
Zuiko OM 50mm f/1.4
Zuiko OM 55mm f/1.2
.
Pentacon Six
CZJ Biometar 80mm f/2.8
.
Kiev 60
CZJ Flektogon 50mm f/4
MC Volna-3 80mm f/2.8
CZJ Sonnar 180mm f/2.8
.
Norita 66
Noritar 80mm f/2
.
Mamiya Universal Press
Mamiya Sekor 100mm f/2.8
.
Graflex Speed Graphic
Kodak Aero Ektar 178mm f/2.5


J'ai trouvé un jour un Norita 66 sur eBay. Il se trouvait en Australie. Je l'achète, je me fais livrer. Il arrive fracassé. Il repart, je me fais rembourser.

Plusieurs mois plus tard, j'en trouve un autre. Moins cher. Je l'achète, je me fais livrer. Il arrive en bon état extérieur, mais le levier d'armement bloqué. Je le mets de côté et n'y touche plus, en attendant de pou
voir le faire réparer.

Et puis un jour, alors que je cherchais des infos sur un autre boîtier exotique, le Rittreck IIA, je tombe par hasard sur une vente qui allait se terminer pour un Rittreck 6x6. Vous savez combien j'aime ce format, alors je jette un œil... et je découvre que ce boîtier est la copie conforme du Norita 66. Je contacte le vendeur, qui me dit qu'il n'y connaît rien et que le boîtier appartenait à son père, décédé depuis quelques mois. J'enchéris à la dernière minute et emporte l'objet pour un prix dérisoire, au regard de ceux auxquels partent les Norita 66, considérés comme très rares.

J'apprends assez vite que le Rittreck 6x6 est l'appareil original dont s'est inspiré le Norita 66. Ce boîtier fut fabriqué par la firme japonaise Musashino-Köki à partir de 1968. Le Norita était exporté sous le nom de Graflex Norita 66, et aux U.S.A. sous le nom de Warner 66. La gamme d'optiques est la même, et en particulier l'incroyable optique standard : l'objectif le plus lumineux du monde dans ce format : le Noritar 80mm f/2.

A réception, le Rittreck me semble magnifique, encore plus beau et mieux fini que le Norita. Il porte une optique au doux nom de Rittron 80mm f/2.




Le boîtier me sort une première pellicule magnifique, puis plus rien. Le levier d'armement est bloqué, l'obturateur ne s'ouvre pas comme il faut. J'attends plusieurs mois, puis un jour je l'envoie une première fois chez un réparateur pro. L'appareil revient, mais les mêmes problèmes persistent. L'appareil repart en garantie de réparation, puis revient... et toujours les mêmes problèmes, quoi que légèrement atténués.

Un peu dégoûté, je laisse le boîtier sur l'étagère quelques temps... puis il y a quelques jours je le reprends, charge plusieurs films coup sur coup, essaie de comprendre ce qui ne va pas et, sans avoir le savoir-faire pour venir à bout de la réparation complète du boîtier, j'essaie de contourner le problème. Je ne charge pas le film exactement comme je suis censé le faire, je ne déclenche pas exactement le nombre de fois que je suis censé déclencher avant la première pose. Je teste... et bientôt, un film, puis deux, puis trois sortent de l'appareil. Convenablement exposés, avec 8 puis 10 puis 11 poses sur les 12 normalement attendues.





Il est trop tôt pour crier victoire, mais trop tard pour renoncer à utiliser ce boîtier, que j'adore déjà.

Pourquoi je l'adore ? Parce qu'il produit des images en 6x6 et parce que son optique standard est vraiment fabuleuse. A première vue, on pourrait penser que le Rolleiflex muni du Rolleinar produit des images comparables. En réalité, les images produites par le Rolleiflex sont objectivement bien meilleures, mais le Noritar/Rittron 80mm f/2 trahit de telles aberrations à pleine ouverture que je ne peux m'empêcher de penser au rendu qu'il pourrait avoir sur les portraits rapprochés que j'aime réaliser.

Norita travailla de concert avec Graflex pour produire pendant de longues années certaines des meilleures optiques Grand Format au monde. Je suis sûrement en route vers le Grand Format
(aïe aïe), mais d'ici là je compte bien m'amuser avec mon Rittreck 6x6 !
;)
Rittreck 6x6 + Rittron 80mm f/2
Films Kodak TMax 400 et Tri-X 400@1600
Agfa Rodinal et Ilford Ilfotec LC29

mardi 24 novembre 2009

First time with Réjane

C'était en... 1943, je crois.

Des amis communs m'ont présenté Réjane. Son mari était à la guerre. Nous sommes allés nous promener dans un jardin, pour faire un brin de causette. Quelques troupeaux de scouts courraient çà et là, et Robert Doisneau courrait derrière avec son appareil photo autour du cou. Cette drôle de guerre était une époque bénie pour la photo, quand j'y repense... enfin bref.

Réjane se sentait tellement concernée par le sort de nos soldats. Elle m'expliqua à quel point elle était préoccupée par le moral des troupes. Sur ce point nous étions d'accord. Nous nous sentions oisifs et nous voulions aider notre pays.

Quelques revues de l'époque publiaient de belles photos de charme, joyeuses et jamais vulgaires, que les soldats épinglaient aux murs. Les filles qui posaient pour ces photos n'étaient pas des filles sans honneur, au contraire : devenir une
"pin-up" le temps d'une séance de pose, de l'avis de tous c'était soutenir l'héroïsme de nos hommes.

C'est comme ça que ça s'est passé.

A moins que ma mémoire me joue encore des tours ?

(images retirées)

Croyez-moi ou pas, mais son mari nous a surpris. Oui, il était revenu sans la prévenir. On a eu beau lui expliquer : l'effort de guerre, l'identité nationale en péril, l'amour de l'art, tout ça... il nous a crié dessus que ça sonnait vraiment trop louche notre histoire, et il a froidement embarqué mon modèle en me jetant un regard mauvais.

Je n'ai jamais plus revu Réjane, mais on m'a dit qu'elle avait succombé peu de temps après à une overdose de petits pains aux fruits. La vengeance du mari jaloux, j'en suis sûr. Ah ! Les temps étaient durs, je vous le dis. C'était la guerre.


Rolleiflex 2.8E Planar (1956)
Fuji Acros 100ISO + Ilford Ilfotec LC29

vendredi 20 novembre 2009

First time with Mathilde

Après un premier contact dans un café, Mathilde et moi avions prévu de nous revoir un samedi après-midi pour faire quelques photos d'essai. Mais à 17H, il n'y avait plus aucune luminosité à l'extérieur. Alors nous sommes allés "faire les boutiques" à notre façon, non sans attirer les regards.

J'ai écrit récemment que j'aimais les spots dans les magasins et vous êtes restés bien silencieux... dubitatifs, sans doute... C'était là l'occasion de mettre en application.

Les trois premières photos sont faites au Rolleiflex, en vitesses lentes (de l'ordre de 1/15è ou 1/30è à main levée, ouverture à f/4 pour atténuer le risque de flou de MAP).



Heureusement, pour la première fois à Nantes j'avais pris également à l'épaule un vieux Canon FTb QL et une optique lumineuse : le standard Canon 50mm f/1.4 S.S.C. La vieille cellule embarquée du Canon fonctionne convenablement, comme j'avais pu le vérifier en septembre avec ma série en diapo couleur sur les petits vieux qui "s'occupent". J'ai donc utilisé la sensibilité maximale tolérée en poussant de la Kodak Tri-X 400 à 1600ISO.


Rolleiflex 2.8E Planar + Ilford HP5+ 400
Canon FTb QL + S.S.C. 50mm f/1.4 + Tri-X 400@1600
Ilfotec LC29

jeudi 19 novembre 2009

First time with Kris

C'est un peu compliqué. J'ai rencontré Kris par l'intermédiaire de Mathilde. Je voulais la photographier elle, il voulait que je le photographie lui, je l'ai photographié puis je l'ai photographiée aussi.

Alors on commence par les photos de lui, et puis après les photos d'elle.


Kris m'avait dit qu'il voulait travailler sur la solitude et l'attente. L'attente est je pense bien perceptible, et le flou s'est imposé.


Plus sérieusement l'expérience était sympathique mais m'a laissé une impression d'inachèvement, comme plus récemment avec Anne-Sophie et Morgane. Ça n'est la faute de personne mais parfois ça ne fonctionne pas, ou pas assez bien. Question d'humeur, d'attitude, de tempérament, d'expérience... bref. J'espère avoir une autre occasion pour faire mieux.

Je prends la photo très à cœur, et j'aime bousculer tous les petits conforts. Cela vaut aussi bien pour l'auto-congratulation que pour les constats d'échec dressés à la va-vite. Je n'aimerais pas que ça marche tout le temps, je n'aimerais pas n'avoir plus rien à apprendre, plus rien sur quoi progresser. J'en suis loin et ça me rassure. Si je ne progresse plus, j'arrête.


Rolleiflex 2.8E Planar
Kodak TMax 400 & Ilfotec LC29

dimanche 15 novembre 2009

Third time with Lucile

Nous nous sommes revus le 4 novembre à Nantes. Au départ il faisait beau mais quand la séance s'est arrêtée de gros nuages menaçants... commençaient à mettre leurs menaces à exécution !


Je l'ai dit et le redis : j'adore travailler avec Lucile. Je pense qu'elle a vraiment quelque chose qui accroche la pellicule. Un petit côté sauvage, un profil en croissant de lune, un regard inquisiteur. Bref c'est un modèle multiple
« Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre »

Ben oui, Lucile est devenue par la force des choses mon "modèle familier". Je pense qu'elle a la même exigence en tant que modèle que moi en tant que photographe. Je regarde beaucoup les images des autres pour former mon regard, l'éduquer, et pour rester au courant de ce que les autres font. De la même façon, Lucile a su observer chez d'autres modèles des postures, des attitudes qu'elle a faites siennes, et qui paraissent aussi simples et évidentes que mes photos peuvent paraître classiques.







« Je possède mon art de regarder
autant qu'elle possède l'art d'être regardée. »
Bern Stern


Rolleiflex 2.8E Planar
Ilford FP4+ & Ilfotec LC29

vendredi 13 novembre 2009

Lucile et les autres

Ces derniers temps, j'ai contacté plusieurs modèles pour entamer plusieurs collaborations. Lucile tient une place de choix dans cet aréopage. Mais d'autres sont venus s'y ajouter depuis peu. La semaine dernière a été riche en rencontres et en déclenchements, et ce week-end j'ai pris plusieurs rendez-vous.

Prendre en photo un modèle, c'est très différent de prendre en photo un passant. Le regard est rarement aussi intense dans les yeux d'un passant que dans celui d'un modèle. Un passant ne met pas autant d'intention dans sa présence que ne le fait un modèle. Après tout le passant n'a pas demandé à être là ; le modèle, si. Bien sûr, certains portraits de passant(e)s sont très beaux, mais cela tient de l'aléatoire. Pour un photographe intéressé comme moi par le portrait, travailler avec un modèle c'est simplement une façon de forcer sa chance.

Les portraits de modèles ne remplaceront pas mes portraits de rue. Ce sont deux disciplines qui dialoguent, se contredisent parfois, se répondent et je tente, dans chacune d'elle, de progresser.

Pour moi, photographier un inconnu c'est saisir un moment fugace : celui qui suit immédiatement la rencontre. Photographier un modèle au contraire ne pose pas une contrainte de temps, mais une contrainte d'espace : ce corps devant moi est disponible pour être capté, à moi de le
morceler comme il faut. Lorsque je prends la photo, je ne me rends pas compte de tous les détails enfermés dans mon viseur : il y a des cheveux qui prennent le vent, un soupir qui s'échappe, les yeux changent de couleur parfois. Je ne me rends compte de tout cela que lorsque le film sort de la cuve de développement, et encore. Ce sont parfois les mots des autres qui m'ouvrent les yeux sur mes photos.

Pour moi, photographier un modèle c'est saisir des morceaux de corps dont la réalité fuit sans cesse.




Rolleiflex 2.8E Planar
Ilford FP4+ et Ilford Ilfotec LC29

lundi 9 novembre 2009

A la recherche du flou perdu

Lorsque j'ai commencé à vraiment m'intéresser à la photo pour la première fois, ça devait être en 1999, il y a 10 ans. Bizarrement c'est avec un modeste compact autofocus que j'ai commencé à prendre goût aux qualités optiques de l'appareil et à ses possibilités ; c'était un Olympus Mju: II, pour ne pas le nommer.

Je me souviens vers la fin de l'année 2000 ou l'hiver 2001 m'être lancé dans deux séries, deux thèmes : la répétition et le flou. J'étais autoditacte et je le suis encore. Mais ça partait vraiment dans tous les sens à l'époque : je n'avais qu'une réaction affective à mes clichés, pas de notion précise d'aucune règle de composition, d'exposition, de traitement...

Récemment l'une de mes photos m'a attiré quelques commentaires positifs : il s'agit de la
photo d'une jeune femme passant téléphone à l'oreille sur les quais de la "Solidaire du Chocolat". J'ai répondu que je n'aimais pas réaliser ce genre d'images, qu'il y avait de mon point de vue une certaine imposture à ne pas chercher à rencontrer la personne qu'on prend en photo.

... et puis... puisqu'il ne faut jamais dire jamais sans avoir donné sa chance à un avis contradictoire, j'ai voulu retenter l'expérience. J'étais à Nantes l'autre soir, les trottoirs étaient trempés et les passants allaient encore un peu plus vite qu'à leur habitude. La lumière s'était carapatée, j'ai ouvert le diaphragme du petit M-Rokkor à f/2.0, réglé la distance de mise au point sur 2 mètres, et zou !

Les résultats sont bien entendus aléatoires. Je ne suis pas fan de la posture photographique, mais sur le plan visuel, graphique presque, certaines de ces images fonctionnent peut-être assez bien malgré tout. Et puis à l'heure où le tout nouveau Nikon D3S à 4200 euros boîtier nu permet de monter à 100 000 ISO pour éliminer tout risque du moindre flou, franchement, je ressens un plaisir pervers à faire du flou et à n'avoir pas de flash dans mon équipement argentique... Réac' un jour, réac' toujours !
;)

Au plaisir de lire vos réactions.

(images retirées)

Minolta CLE + M-Rokkor 40mm f/2
Kodak Tri-X 400ISO + Agfa Rodinal

mardi 3 novembre 2009

Can you see the light ?

Je me rends compte au fur et à mesure que je développe mes films en noir et blanc que la photographie dépend à 99% de la lumière. Etymologiquement, photo-graphier c'est écrire avec (ou dans) la lumière : la lumière est le matériau comme la terre glaise ou la gamme de notes. Rien de nouveau vous me direz. Un peu naïf, même.


Konica Hexar RF + Serenar 50mm f/1.9 LTM


N'empêche. Je suis toujours à la recherche des belles lumières, et toute l'affaire consiste à exercer son œil pour les trouver. Pour ne pas prendre des photos en se battant avec la contrainte lumineuse, mais au contraire en étant complice de ce que la lumière met tout naturellement en valeur.

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Olympus Mju: II


En portrait par exemple, rien ne vaut une source de lumière tamisée éclairant le visage pour le faire ressortir sur un fond plus sombre. Pour cette raison, j'adore les vitres, les vitrines, mais aussi les spots de lumière que l'on trouve dans les magasins de fringues par exemple. Je n'irais pas poser moi-même des sources lumineuses car je n'ai pas la fibre du studio (pour le moment en tout cas), mais j'apprécie la lumière que ces petits spots procurent.


Hasselblad 500C/M + Planar T* 80mm f/2.8


Pour les autres sujets, il s'agit avant tout de bien choisir son heure dans la journée. En plein été dans le Sud, j'ai été contraint de fermer le diaphragme à fond et de déclencher à des vitesses élevées : 1/500è, 1/1000è et parfois au-dessus. Je déteste ça. Plus la profondeur de champ augmente, plus je trouve la photo plate, sans profondeur justement. Lorsque j'ai recommencé la photo je croyais d'ailleurs qu'on parlait de grande profondeur de champ lorsque le diaphragme est ouvert à fond et que le sujet ressort sur un fond le plus flou possible. Erreur de terminologie.


Récemment, j'ai aimé la lumière de fin d'après-midi sur "
La Solidaire du Chocolat". Et la semaine dernière, je me suis laissé surprendre par l'ambiance lumineuse de la Cathédrale Saint-Corentin, à Quimper.
(images retirées)

Je suis non-croyant et j'ai toujours trouvé amusant qu'on me reproche des "ciels vides" dans mes photos de paysages. J'avais envie de dire : "Bien sûr que le ciel est vide !"

Mais bien qu'étant non-croyant, les églises m'attirent. J'ai quand même eu une éducation religieuse : baptême, catéchisme, aumonerie. Et puis il y a cette Cathérale à Quimper. Elle m'a toujours paru superbe. Plusieurs événements de ma vie amoureuse et de mes amitiés se sont déroulés en son sein ou dans ses alentours. Lorsqu'un jour ma conjointe a perdu son meilleur ami, l'événement nous a éloignés. Et puis nous nous sommes croisés, nous pauvres incroyants, nous promenant dans la Cathédrale Saint-Corentin au lendemain de Noël...

Depuis les années Jean-Paul II, l'Eglise communique beaucoup autour de la notion de réconciliation. Réconciliez-vous avec votre foi, nous dit-elle. Je ne suis pas croyant et ne le serai probablement jamais. Mais à ce stade de ma vie je me sens réconcilié avec les églises, apaisé dans mes propres croyances.

"J'ai pas d'apôtre, j'ai pas de loi
Je crois en l'autre, je crois en moi."
Claude NOUGARO

mercredi 28 octobre 2009

Portraits et autoportraits

Je ne connais pas de plus grand plaisir, en photo, que de prendre des portraits et - à défaut - des autoportraits. Je me suis déjà illustré plus d'une fois dans la seconde catégorie (voir ICI), car je ne suis pas de ceux qui dénigrent l'autoportrait par pédantisme ou fausse-modestie. La douzième pose et la trente-septième sont faites pour ça, non ?

Quant aux portraits du quotidien, ils sont à la fois un prétexte à faire joujou avec la belle mécanique du Rollei, d'un télémétrique ou d'un réflex, et une occasion, parfois, de faire plaisir à ceux qu'on photographie.


Loïc

mardi 27 octobre 2009

Estuaire 2011

Il existe entre Nantes et Saint-Nazaire une biennale d'art contemporain. Ce sont essentiellement des manifestations éphémères et des installations in situ.

Depuis septembre, j'ai repris la route dans le département et mes déplacements hebdomadaires m'amènent à longer la Loire sans arrêt, sur les deux rives, dans les deux sens.

J'ai pris le parti d'avoir toujours un appareil léger avec moi, sous la main. J'ai déjà vidé quelques pellicules à tenter d'approcher les paysages, les villages, les habitants de l'estuaire. Je crois qu'une certaine esthétique commence à s'en dégager. Je ne sais pas si cela peut paraître cohérent pour un regard extérieur, c'est pourquoi je vous soumet ici un "brouillon", une "phase transitoire"...

J'aimerais d'ici 2011 avoir approfondi ce travail et pouvoir proposer une exposition quelque part, au moment de la biennale mais en "off" bien sûr. Pour le lieu, je pense par exemple au café du port de plaisance, à l'ombre de la centrale EDF de Cordemais. Ou bien à Paimbœuf, en face de la raffinerie Total de Donges. Bref, à un endroit chargé.

Merci de vos retours.





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Olympus Mju: II
Kodak TMax 400 + Agfa Rodinal


Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas encore commencé à organiser les images. Il y a éventuellement un tri à faire, aussi. Dois-je exclure la couleur, par exemple ? Pour ce qui concerne le thème de l'estuaire, je ne sais pas si vous trouvez pertinent (ou caricatural) de distinguer nord et sud, de descendre la Loire pour terminer sur l'océan ou vice-versa... Bref, j'ai du boulot !
:)

mercredi 21 octobre 2009

La Solidaire du Chocolat

J'étais ce week-end en promenade (photographique) à Saint-Nazaire où j'ai erré du côté du bassin, derrière l'ancienne base sous-marine.

La "Solidaire du Chocolat" est la 1ère édition d'une course nautique entre Nantes/Saint-Nazaire et le Yucatan, au Mexique. Il s'agit de commémorer le commerce du cacao auquel a participé le Bélèm (aujourd'hui bateau école) à partir de 1896.



C'est également un prétexte pour déguster du chocolat et participer à des animations sur des stands "équitables".

Une trentaine de bateaux de courses ont descendu la Loire de Nantes à Saint-Nazaire il y a dix jours, et dimanche dernier le départ de la course a été donné. Le tout, sous le regard du respectable Bélèm, des bateaux de croisière MSC en construction un peu plus loin et de deux ou trois navires de la Marine Nationale.

C'est une manifestation plutôt sympathique, l'ambiance était simple et conviviale. Quelques caméras de France 3 étaient présentes, quelques élus aussi. Mais on y croisait surtout des promeneurs du dimanche.

C'est la première sortie que je faisais en compagnie du Minolta CLE qui a remplacé mon Hexar RF récemment. Ces quelques photos ne tiennent pas compte de l'ensemble de la manifestation, elles ne permettent qu'un regard très partiel.


Le "Malabar" est à quai juste à côté du Bélèm...






Entre les deux mastodontes, une coquille de noix gonfle les voiles.



Au centre des stands "équitables" se trouve un zinc où l'on trinque à la bonne franquette... L'heure est indécise, c'est l'instant solitaire.






Dans les allées le long du quai, trois couples mexicains distribuent du rhum à gogo, pendant que la voix off nous annonce un apéro offert par le Conseil Général... Rhum, chocolat, caramels et friandises, photos, téléphone et belles voitures... à chacun son addiction. L'humeur est au départ inexorable, les regards se perdent.



A la nuit tombée, le Malabar ramollit.



Minolta CLE + M-Rokkor 40mm f/2
Kodak TMax 400 + Agfa Rodinal

jeudi 15 octobre 2009

... à Logonna-Daoulas

C'est la maison de ma grand-mère. J'arrive près du poulailler.


Un carreau est cassé.
La veille porte. La clef reste là tout le temps. Les araignées se plaisent à l'intérieur.


Je l'ouvre.


Des bûches de bois coupées par mon père. Des outils, des cagettes. L'odeur est encore là. Celle des poules, des œufs chauds qu'on venait cueillir dans la paille le matin, en catimini. Je me rappelle bien, grand-mère. Ça me manque.

Et puis des paniers en bois avec des arceaux de fer. C'est pour la pêche aux palourdes, aux berniques et aux pieds de couteaux. Les bottes étaient dans la chaufferie et les épuisettes dans la cabane noire. Je sais bien, elle me faisait un peu peur.


On appelle ça des dépendances. Tu dépends, je dépense, elle dépend, nous dépendons, vous y repensez... Il y a des clefs partout.



C'est le lavoir, à côté du puits. Cette planche de bois est-elle là depuis le XVIIIè siècle, comme ta maison ? Elle est usée, elle est belle.


Dans un coin, contre le mur en briques, la blouse de ma grand-mère est suspendue comme le temps sur un cintre maigrelet en fer tordu. Le savon et la brosse n'ont pas bougé non plus.

Canon P + 50mm f/1.4 LTM
Kodak TMax 400ISO, Agfa Rodinal

jeudi 8 octobre 2009

Irving Penn est mort

C'est pas que je souhaite transformer mon blog en chronique nécrologique, mais bon voilà : un personnage important de la photo américaine vient de mourir au bel âge de 92 ans. J'avoue ne pas bien connaître l'œuvre d'Irving Penn, même si j'ai déjà pu apprécier certains de ses portraits en studio.

Si vous passez par ici et voulez échanger quelques liens, les commentaires vous sont grand ouverts...
;)


P.S. : pour les curieux qui, comme moi, commencent à découvrir les photos d'Irving Penn au lendemain de sa mort, il y a ce fil rempli d'appréciations et de liens fort agréables : ICI.

lundi 28 septembre 2009

E100G

Voilà que ça m'a repris, vers la fin du mois d'août. J'aime photographier les gens en couleurs, les objets en couleurs, les... murs en couleurs, pourquoi pas.

D'abord Lucile, avec qui j'espère travailler de nouveau très très bientôt...


Et puis ce mur, à Arles. C'est bête un mur. Ça peut être beau aussi.


Rolleiflex 2.8E Planar + Kodak E100G

jeudi 17 septembre 2009

« On s'occupe »

Mardi 8 septembre. C'est le tout début d'après-midi, je descends en voiture une longue rue bordée d'arbres, parallèle à la Loire. Les feuilles ont commencé à tomber. La lumière est forte et les couleurs sont vives. Je suis un peu en avance...


Ce matin, j'ai repris en mains mon Canon FTb-QL, un peu par hasard, comme on envoie un email rapide à un vieil ami qu'on a perdu de vue. Je sais bien que tu ne m'accompagnes nulle part, qu'on n'a pas fait de sortie ensemble depuis longtemps, mais je ne vais pas te dire que je le regrette... C'est comme ça. Et puis ces derniers mois, j'étais concentré sur le télémétrique et le moyen format. Bon allez, viens : je t'emmène aujourd'hui. J'ai chargé une Provia 100F périmée, que je pousse à 200. La cellule semble réagir mais je ne jurerais pas qu'elle est juste.

Descendant cette rue, j'aperçois trois petits vieux - dont une dame qui porte une robe très colorée - qui jouent à la pétanque sur le trottoir. Je gare la voiture, j'attrape mon vieux reflex et je sors. Bonjour, je peux vous prendre en photo ?


Au déclenchement des premières photos, il me semble bien que l'obturateur est un peu rouillé... Peu à peu ça s'améliore. Les boulistes m'invitent à entrer au numéro 26 : il paraît que des tricoteuses se retrouvent là tous les mardi, et puis, dans la grande pièce en enfilade, des joueurs : jeux de cartes, scrabble. La lumière est faible, presque toutes mes photos sont prises à pleine ouverture et à vitesse lente.


(photos retirées)


L'accueil des gens est bienveillant. L'humour va bon train pendant que je fais le tour des tables pour réaliser quelques portraits. A côté de chaque table, sur un tabouret, une bouteille d'eau claire et quelques verres incassables empilés ; de petits sachets de gâteaux aussi. Je discute avec les joueurs sur les règles d'un jeu presque disparu. L'un d'eux ne peut pas se jouer à moins de trois personnes, et il n'y a plus que trois personnes à savoir y jouer ; il y en avait encore cinq l'an passé. Arrivé à la table du Scrabble, je m'étonne sur le mot "WEB", posé par une joueuse de 82 ans qui n'a jamais touché à un ordinateur de sa vie...


Je remercie mille fois toutes les personnes qui se trouvent là. Je leur dis mon admiration : je n'aurais pas pensé qu'autant de personnes se retrouvaient régulièrement dans ce petit village. Oh, on s'occupe, me répond-on plusieurs fois. C'est merveilleux ce verbe : "s'occuper ensemble" ou "s'occuper les uns des autres". On s'occupe, on s'occupe...

Le bâtiment en lui-même vaut le coup d'œil. Les occupants (occupés) des lieux empruntent le vélo, la voiture ou viennent à pied.



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Canon FTb-QL + FD 50mm f/1.4

Cellule embarquée

Fuji Provia 100F @200ISO périmée

dimanche 13 septembre 2009

Willy Ronis est mort

Gordes, where Willy Ronis (1910-2009) used to live
Le très beau village de Gordes, dans le Vaucluse, où a vécu Willy Ronis...
Bronica EC-TLII + Zenzanon 100mm f/2.8
Ilford HP5+ & Agfa Rodinal


J'ai découvert les photos de Willy Ronis très tardivement. Pour moi c'est l'équivalent d'un Doisneau. Sans doute plus exigeant, moins prolixe et tout aussi "humaniste". J'adore ses photos de Paris, ses nus dont le mythique "Nu provençal", ses scènes d'enfants. Cet été, j'ai eu le bonheur de voir quelques unes de ses plus belles photos en tirages 30x40 à Arles. Willy Ronis était à coup sûr une figure tutélaire de la photo, un "grand".


***


En hommage à Willy Ronis, voici un petit texte que j'avais écrit à la lecture de son recueil
Ce jour-là :

Willy RONIS est un grand photographe. La plupart de ses photos sont composées dans un style plutôt classique, qui n'est pas sans rappeler les photos souvent plus célèbres de Doisneau ou de Cartier-Bresson. Ronis se distingue de Doisneau, entre autres, parce que ses photos sont plus intimes : il met souvent ses proches en scène comme dans "La sieste", photo prise dans sa maison de Gordes en 1949.

Mais pour l'essentiel, le regard de Ronis est proche de celui de Doisneau. C'est un regard sans condescendance sur les gens de leur époque, et l'époque en question couvre pour ainsi dire le XXè siècle. Les photos prises juste après la Guerre sont parmi les plus belles : on y voit des gens simples, souvent pauvres mais dignes.

Willy Ronis choisit dans ce volume une centaine de ses photos et les accompagne chacune d'un texte qui commence par
Ce jour-là et prend des airs de Je me souviens. Moi, je me souviens d'un spectacle de danse de Raimund Hoghe, Another dream, où le chorégraphe et improbable danseur au corps difforme arpentait la scène en scandant ce thème : Je me souviens....

Le travail de Willy Ronis dans les intérieurs du Vaucluse ressemble à l'épuration esthétique d'un Georges de La Tour ou d'un Johannes Vermeer en peinture : haro sur la lumière et place aux matières, aux objets intemporels, aux silhouettes. Je pense en particulier au "Nu provençal", pourtant absent de ce volume. Même en noir et blanc on perçoit la couleur et le toucher des murs beiges, bruns ; des ocres de Roussillon aux rideaux déchirés qu'on trouve encore aujourd'hui lorsqu'on se perd à Gordes, à quelques pas d'un luxueux hôtel suspendu à flanc de montagne.

Willy Ronis a photographié Paris comme Doisneau, mais il a photographié le Sud probablement comme personne. Ses femmes sont superbes, depuis les "Marchandes de frites" jusqu'à "L'habillage des Beaucairoises" en passant par celles qu'on n'aperçoit qu'à peine, pendues au cou d'un permissionnaire ou cachées derrière la nudité de leur dix-huit ans.


190 pages, coll. Folio
Willy Ronis sur Wikipedia
Quelques photos de Willy Ronis
La
Quinzaine photo du Blog à Lire
"Willy Ronis est mort" :
Le Monde, Libération
"Willy Ronis" : archives sonores et vidéos sur le site de France Culture

mercredi 9 septembre 2009

Leitz lance le Leica M9

Dans quelques minutes, la firme allemande de prestige Leitz lancera son tout dernier appareil télémétrique numérique, compatible avec les objectifs "M" : le Leica M9.

Un grand nombre de fans de la marque débattent déjà depuis belle lurette sur des spécifications techniques dont pourtant presque rien n'a filtré jusqu'ici... suppositions, fantasmes... Ici et Ici, par exemple, et plus généralement par . Pour résumer l'intérêt de ce nouvel appareil haut de gamme, il s'agirait d'un Leica M8 pourvu d'un capteur plein format 24x36. Pour le reste, je laisserai aux experts le soin d'expertiser.

Histoire de marquer tout de même l'événement - car c'en est un, indéniablement - je vous propose de revenir quelques temps en arrière en vous souvenant de cet ancêtre numérique : le Leica M8 !

N'est-ce pas Wim Wenders qui en parle le mieux ?
;)


samedi 5 septembre 2009

Hommage à Christian Poveda, photojournaliste

Mercredi dernier, l'AFP a annoncé la mort de Christian Poveda, qui travaillait depuis plusieurs mois sur les Maras du Salvador, des bandes ultra-violentes vivant du commerce des drogues et malheureusement réputées pour leurs règlements de compte radicaux. Le photojournaliste français, qui avait passé la cinquantaine, a été retrouvé abattu d'une balle dans la tête.

Je suis justement en train de lire en ce moment le dernier numéro de l'excellent magazine "Polka" dédié au photojournalisme, dans lequel figurent plusieurs photos extrêmement fortes de C. Poveda. La nouvelle de son assassinat m'a donc sérieusement abasourdi.

Sauf à vous intéresser à ce sujet ou à la photo en général, comme c'est mon cas, vous ne connaissez sans doute pas Christian Poveda. Je vous invite à prendre quelques minutes pour découvrir
ce diaporama sur les Maras du Salvador.

Le film sur lequel travaillait Cristian Poveda,
La Vida loca (la vie folle) sortira le 30 septembre sur les écrans.

Plus d'infos sur les Maras :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maras_(gang)

lundi 24 août 2009

'09 Summer trip

Bonjour, je ne me sens pas d'humeur très bavarde (ou plutôt très écrivarde) en ce moment, mais je me suis laissé dire que les visiteurs(-euses) qui me font le plaisir et l'honneur de passer de temps en temps par ici toléreraient, faute de mieux pour le moment, quelques photos sans trop de mots.

Je suis parti vers le Sud. J'ai découvert Vaison la Romaine...




La tristement célèbre crue du 22 septembre 1992 n'ai laissé qu'un écriteau. Quand on se penche sur le pont pour apercevoir le petit filet d'eau qui coule plus de 10 mètres plus bas, on se regarde et un silence s'installe...

J'ai aussi découvert Avignon en plein festival.
900 spectacles se jouent sur 10 jours dans le festival Off. Le teasing est permanent et prend de très multiples formes dans la ville.

Je suis retourné à Gordes, où a vécu Willy Ronis. De bien belles pierres perchées sur un joli caillou.



J'ai promené mon 6x6 sur le marché de Carpentras.


La bonne nouvelle c'est que... beaucoup de photos ne sont pas encore développées, en particulier de nombreux rouleaux de diapo couleur (à Roussillon, MIAM !). Et je ne vous ai pas encore parlé du mariage.

A bientôt donc pour la suite.
:)

Bronica EC-TLII + Zenzanon 100mm f/2.8 & Ilford HP5+ 400ISO

Konica Hexar RF (en panne désormais) + Tanar 50mm F/2 & Kodak TMax 100ISO
Agfa Rodinal

samedi 18 juillet 2009

Nouvelles perspectives

Bonjour aux visiteurs occasionnels qui me font le plaisir de passer par ici de temps en temps, et toutes mes excuses pour ce long silence... J'ai pensé plusieurs fois refaire un billet : mes photos d'errance à Saint-Nazaire, quelques nouveaux portraits nantais... mais je n'avais pas grand chose à dire pour accompagner les photos et je sentais bien que ce ne serait pas bon.

Dans une semaine, je vais réaliser les photos de mariage d'un couple d'amis, Candice et Patrice. C'est la première fois que je vais endosser ce rôle important et j'avoue que l'événement m'a valu quelques insomnies depuis qu'ils m'ont très gentiment demandé si je voulais/pouvais. Autour de moi, on me rassure :
« Mais il n'y a pas de raison que tu ne fasses pas de belles photos : elles sont très belles tes photos. » Mouais. Sauf que les photos publiées ici et là sont le résultat d'un tri. Il y a des chutes, aussi...

Récemment, allez savoir quel rôle peut jouer la psychologie là-dedans, je me suis mis à faire des portraits flous. Et ce, peu importe le boîtier que j'avais entre les mains. Paniqué, je suis allé visiter l'opticien et j'ai changé de lunettes. Aussitôt rentré, j'ai fait une pellicule de test : floue ! Je suis retourné voir l'opticien, je lui ai demandé de tester ma vue (je suis myope) et il m'a dit que j'avais perdu 0.25 de l'œil droit ; l'œil qui me sert à viser. Tout s'expliquait, non ?

Sauf que -0.25 de l'œil droit, ça ne peut créer une vision légèrement floue qu'entre 4m et l'infini. Or je shoote mes portraits à moins de 2m.

... J'ai laissé reposer un peu...

Et puis récemment, Lucile a repris contact avec moi par email. Vous vous souvenez d'elle ? Je l'avais photographiée à Nantes, Place Royale. Elle fumait une cigarette goût chocolat...
Smoking some chocolate - Lucile et sa cigarette goût chocolat

Zenza Bronica EC-TLII

+ Zenzanon MC 80mm f/2.8 (by Carl Zeiss Jena)
Kodak New TMax 400ISO, Agfa Rodinal


Lucile, du haut de ses 19 ans, est photographe amateur, maquilleuse et modèle. Un sacré bout de modèle, même. Alors je l'ai recontactée et nous sommes allés nous promener du côté de l'Île de Nantes pour quelques photos d'essai... Mais en guise d'essai, Lucile sans le savoir m'a carrément redonné confiance en ma capacité à faire des photos.

Guess what ?

Well, Lucile is back...

La féline


So long, B.B.


Rolleiflex 2.8E

Carl Zeiss Planar 80mm/2.8
(+ Rolleinar 2 Bay III)
Ilford HP5+ 400ISO
& Ilford 100 Delta Pro 100ISO
Agfa Rodinal


Merci à toi Lucile. Et rassurez-vous : je compte bien shooter de nouveaux portraits dans la rue dès mon retour de noces !
:)

samedi 13 juin 2009

Mon père est flou

Il y a un an déjà, une amie blogueuse écrivait une nouvelle à partir d'une de mes photos...




Mon père c’est cet homme flou. J’ai douze ans, je suis grand, je suis brun, j’ai la peau tannée comme un enfant du Sud et pourtant je vis à Berlin-Est. Je suis né de cet homme flou, je suis l’enfant du rien. Né de ma mère et du rien.

Maman, pourquoi Papa est-il flou sur la seule photo que tu as de lui ?

Parce que c’est la seule photo que j’ai le droit de garder de lui, mon chéri.

Pourquoi ?

Parce que personne ne peut le reconnaître sur cette photo.

Maman déteste mes questions et souvent elle détourne la tête, et pleure. Je n’en peux plus de la voir pleurer depuis toujours – plus je grandis et plus je crois que ça pourrait me rendre violent, les larmes de Maman.

Dans les sanglots de ma mère il n’y a plus rien, plus que de la flotte et du souvenir ; tandis que je possède un trésor inestimable avec cette image capturée de mon père. Comment était-il ? Où est-ce vélo ? Où est l’homme flou sur ce vélo ? Je regarde par la fenêtre et je cherche à voir de l’autre côté du Mur. Mais on n’y voit jamais rien avec tous ces flics à chiens, qui font de l’ombre du haut des tours de surveillance. La télé m’attend dans un coin avec ses images illégales de l’Ouest. On la capte en cachette avec l’aide des voisins du dessus. J’aime surtout regarder les concerts de rock (Kim Wilde en particulier) ; le reste, je m’en fous un peu, ça ne m’intéresse pas tellement plus que les journaux de la RDA. Sauf… sauf bien sûr quand il s’agit de courses de vélo. Tous les hommes y sont flous et en couleur. Pas tout à fait comme mon père – mais qu’est-ce qui me dit que de l’autre côté du Mur, tout ne bascule pas en couleur ? Berlin-Est est gris souris. Papa porte peut-être des combinaisons orange moulantes à Berlin-Ouest. En tous cas, Maman n’y croit pas. Elle hausse les épaules et dit en souriant un peu faiblement qu’il n’est pas parti pour faire le guignol, Papa.

La nuit, quand Maman éteint son poste de radio dans la cuisine et boit un dernier café, je ne sais pas pourquoi, je doute. C’est comme un incendie, ce doute-là. Ça me ravage le corps. J’ai peur que ma mère ne le sente, je ne veux pas qu’elle sache que Papa est peut-être mort. Cela fait bien trop longtemps qu’il a franchi la frontière. Je sais que des gens meurent sur la « bande de mort » entre les zones de l’Est et de l’Ouest. Je l’ai vu à la télévision ouest-allemande. Quand j’ai entendu ça, le doute est revenu toutes les nuits. Mais pour ne rien montrer à ma mère, je vais dans la cuisine chaque soir, je l’embrasse sur ses cheveux coupés courts et parfois, je fais semblant de vouloir fumer une cigarette avec elle. Et elle rit très fort et dit que cela ferait rire mon père, que c’est son genre d’humour. A ce moment-là je peux dire que mon cœur est plus petit et plus serré qu’un vieux mégot de clope écrasé.

9 novembre 1989.

Le Mur tombe, je le vois s’écrouler à la télé, Maman travaille au restaurant. Moi je bute, dans ma joie, sur une latte du parquet à la maison. Une latte mal enfoncée dans le plancher. J’ai failli tomber. Je soulève la latte pour mieux la replacer. Je veux faire plaisir à ma mère. Une maison bien rangée et un Mur qui tombe, on peut dire que c’est une journée réussie. J’ai des échardes dans les doigts… Des cris de joie dans tout l’immeuble. Quelqu’un tambourine à la porte et crie mon nom. « Rudi ! Rudi ! ». Je sais que c’est Max, le voisin du dessus. Je sais déjà tout, il veut aller danser sur le Mur en ruines ! Mais je m’acharne sur cette foutue latte ! Il y a un truc qui bloque. Je balance la latte à côté de moi. Une enveloppe toute longue, toute administrative, toute froide et fermée comme tout ce que fait la RDA. Adressée à Maman. Là, sous le parquet ? A l’âge que j’ai on n’est pas un imbécile, on n’est pas un prude non plus. Je l’ouvre, cette lettre que personne n’a jamais voulu ouvrir.

« Madame Augenblick, nous avons le regret de vous annoncer le décès de votre époux Hermann Augenblick, à la suite d’un accident lors d’un passage illégal de la frontière. Des obsèques pourront avoir lieu le 4 mai 1984. Vous nous en ferez connaître les conditions. »

Je remets la latte mieux qu’elle n’ait jamais pu être posée. Impossible de voir la trace de mon passage. Je sors avec le briquet de ma mère et la lettre de la Stasi brûle dans l’escalier – tout le monde s’en fout, la concierge pleure de joie dans les bras de Monsieur Beck. Max m’a regardé faire mais ne m’a rien demandé sur mon petit incendie ; on part juste tous les deux, en courant, à l’ancienne frontière.

Alors là, au milieu de ces Allemands de l’Ouest que je n’avais jamais vu qu’à la télé et qui hurlent de joie, la colère immense monte, tuant le vieux doute qui m’avait hanté. La colère vaut mieux que le doute, on connaît enfin son ennemi. Mon malheur, c’est que pendant que le Mur de Berlin tombe sous mes pieds, je comprends que mon ennemi est mort lui aussi. Ma colère ne me quittera donc jamais. C’est le prix à payer pour que ma mère n’apprenne pas que Papa est flou pour toujours.



Merci encore à toi, Miss M.
!

samedi 6 juin 2009

Les producteurs de lait

Mercredi 3 juin 2009, devant une fromagerie non loin de chez moi : un groupe de "producteurs de lait", comme les medias les appellent pour ne pas dire des mots plus simples, bloquent l'usine pour protester contre le prix d'achat du lait imposé au rabais par l'Europe...

« L'année dernière, on nous payait presque trop cher. Et puis cette année ça baisse d'un coup, sans aucun motif. On nous dit que les stocks sont trop importants, la fois d'après il n'y a plus de stock du tout. C'est comme avec les céréales : en fait personne ne sait vraiment où en sont les stocks, et on spécule... Un dixième d'indice de plus ou de moins décidé par l'Europe, ça fait une différence énorme pour nous.

Ce qui ne change pas, c'est qu'on doit traire deux fois par jour. On est toujours à s'inquiéter pour nos vaches. Le soir on entend le chien qui aboie et voilà qu'on gamberge : est-ce qu'il y en a une qui est sortie, est-ce qu'il y a un problème ? C'est un boulot très prenant et très fatigant. Bien sûr on l'a choisi par passion, mais c'est pas une raison pour se foutre de nous.

Cette usine achète du lait à plusieurs gars qui sont là. Ça ne nous arrange pas de bloquer l'usine, si on pouvait s'en passer... Hier soir on a pu discuter avec le patron, pendant une demi-heure. Il voulait qu'on dégage l'entrée avant de discuter du prix. Nous on voulait l'inverse. La discussion s'est terminée et un quart d'heure plus tard l'huissier arrivait. Il l'avait prévenu depuis longtemps. L'huissier a constaté le blocage et nous a dit que la gendarmerie pouvait intervenir.

Depuis ce moment, on paye 300 euros par heure pour continuer le blocus. Les gendarmes passent quatre fois par jour : ils nous demandent si on compte partir, on leur répond non, ils font le tour et repartent. Ils n'ont pas plus que nous envie que ça dégénère. »

Il s'agit de combattre une décision prise à l'échelle européenne, mais qui a des conséquences sur des contrats locaux. L'usine, cachée au bout d'une petite rue en plein bourg, appartient à un grand groupe international.

Ils ont la colère tranquille, les producteurs de lait. Mais s'il faut durcir le ton, ils iront.

On est mercredi midi, c'est l'heure de manger. C'est un moment convivial, l'humeur est détendue malgré la détermination.

On va partager le pain à l'ombre de quelques arbres.

Soleil de plomb. René s'occupe du repas tout en gardant un œil tourné vers l'entrée du parking.

Les plus jeunes ne sont pas les plus innocents. Le discours politique est on ne peut plus concret, épuré de toute polémique. Les questions à régler ont à voir avec le quotidien.

Depuis deux jours, les premiers titres concernent la disparition de l'Airbus AF-447...

Les perspectives ? Pas grand chose à attendre en local. Certains sont prêts à aller plus loin, à jeter leur production de lait... pour d'autres, psychologiquement, ce serait trop dur.

Je remercie Fabien, René et les autres pour leur accueil ouvert et bienveillant. Ils ont quitté les lieux depuis, pourtant le problème n'est pas réglé. Il n'y a pas grand chose qu'on puisse faire, alors... et si dès demain on votait intelligemment, pour commencer ?


Bronica EC-TLII + Zenzanon 100mm/2.8

Ilford HP5+ + Agfa Rodinal
1+25, 6 minutes