samedi 8 décembre 2012

Promenade à Tourrettes


En juillet dernier, j'ai passé une semaine dans le Var. J'ai redécouvert Tourrettes et quelques beaux villages alentour, profitant de la sieste des petiots pour me dégourdir les jambes et digérer la bonne cuisine *légèrement* huilée... ;)

Quelques images d'un rouleau que je viens de scanner, sur lequel j'ai essayé d'ajouter un ton un peu plus "chaud" que dans mon traitement habituel, que je trouve trop bleu et trop froid.

Vos commentaires sont les bienvenus.
;)



 


 

Cette mini-série est un peu décousue, j'en ai conscience. Je suis tombé par hasard sur une fête de village (un aïoli ?) qui se terminait, ambiance grandes tablées sous les arbres et ciel orageux. Les photos-sans-personne-dedans sont prises dans les petites ruelles sinueuses (j'adore) au même moment, ceci expliquant cela.

Quant à la jeune femme de la dernière photo... Je l'ai d'abord croisée dans un de ces escaliers aux marches très larges qu'empruntent parfois certaines voitures : Mehari, Renault 4... Nous montions vers la place, à pas lents, par deux chemins différents. Quand je suis sorti du labyrinthe des ruelles, je l'ai retrouvée là-haut. Elle se tenait un peu à l'écart des derniers couples de danseurs, des confidents encore attablés et des éclats de voix de ceux qui, ayant tout bu, redescendaient déjà en zigzagant. Alors que je rentrais, je la revois assise sur un muret, en bordure d'une petite terrasse déserte : la place de la Mairie avec son vieil escalier de trois marches et ses chaises de café empilées. Tout le village était rassemblé là-haut. Des airs de bal populaire résonnaient dans le ciel. Elle admirait le panorama et je la prenais en photo, plusieurs fois. C'était un dimanche. La pierre chaude avait l'odeur de la pluie. A perte de vue il n'y avait qu'elle, moi et mon Leica. « Oh la la, que d'amours splendides j'ai rêvées ! »

;)

dimanche 2 décembre 2012

Faith book, fragments de Lourdes

Voici le dossier "reportage" que j'ai présenté à un concours fin septembre et qui n'a malheureusement pas été remarqué. J'espère que vous l'apprécierez malgré tout et reste ouvert à vos critiques et remarques pour tenter de faire mieux la prochaine fois !
;)

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Texte de présentation :
Au cours d'un travail photographique sur les prêtres ouvriers près de chez moi, on m'a proposé de participer à une réunion nationale à Lourdes, pendant le week-end de la Pentecôte.

Une fois sur place, sans y participer directement j'ai ouvert les yeux sur le pèlerinage, sur le tourisme religieux, sur la ferveur des processions aux flambeaux. J'ai découvert les "marchands du temple", les "bancs de l'église" et le visage de Bernadette, reproduit partout.

J'ai choisi ces douze photos pour retranscrire les impressions qui me sont restées : l'empressement des pèlerins, particulièrement des malades qui sont pris en charge du matin jusqu'au soir et ne s'arrêtent jamais de prier. Les mendiants. Le commerce de la foi : cierges, messes et souvenirs. Et puis l'eau qui circule partout dans cette ville encaissée : de la rivière aux sources d'eau bénite, d'où repartent ensuite des bouteilles, des flacons, des jerricanes.

Fiche technique :
Ces photos ont été réalisées au Leica M6 + ZM Sonnar 50/1.5.
Pellicules : Kodak Tri-X 400 et Agfa APX 100. Second boîtier : Konica IIIM.

Les photos :








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vendredi 30 novembre 2012

Un léger glissement sémantique

A la suite du précédent billet et d'un certain nombre d'autres avant lui, la plupart portant le libellé "Lumière", j'en viens à me demander si, au fil des saisons, ma définition de la photographie et la pratique quotidienne qui me permet de la définir n'évoluent pas bêtement au gré des circonstances. Plus simplement : je prends des photos guidé par l'envie ou l'intuition, et je leur donne du sens après coup. Nicolas Bouvier l'a écrit dans la langue la plus simple qui soit : « Je fais clic quand quelque chose me fait signe. »



J'ai lu ce matin sur le site de Kirk Tuck un article intéressant et un brin provocateur qui rappelait que le choix d'un sujet à photographier était plus important que le choix de l'appareil photo. Premier niveau de lecture : je suis d'accord, bien sûr ! Discuter sans fin des outils ne permet pas — voire empêche — de réaliser concrètement des projets. Idem pour les techniques complexes de post-traitement, et ça ne date pas d'hier :


« Les photographes sont découragés et ne vont plus là où les choses se passent, ils photographient un coin de mur ou le bord de leur chaussure, trafiquent les négatifs, trafiquent les tirages et les assortissent d'un commentaire lacanien sur l'incommunicabilité. » — Nicolas Bouvier, 1977


Mais... si j'y réfléchis un peu plus, ce point de vue me paraît déjà biaisé dès le départ : il présume qu'il existe des sujets à photographier et que le point de départ d'une photo résulte donc d'un choix initial : celui du sujet qu'on souhaite photographier. Et là je dis "Couac".

Je dis "Couac" parce que H.C.-B., par exemple, nous a déjà prévenu que « Quand on veut, on obtient rien. Il ne faut pas vouloir. » Donc l'idée préalable de choisir un sujet avant même d'attraper l'appareil et d'aller au-devant du sujet est fausse. 


Et puis plus personnellement, de plus en plus souvent je prends des photos de rien, des photos sans sujet. Et en les prenant, en les redécouvrant ensuite sur le négatif, en les post-traitant, en les publiant sur des réseaux sociaux (Flickr, forums photo) je ne ressens pas le manque d'un visage ou d'une silhouette humaine, ni la nécessité que la photo soit figurative d'aucune manière que ce soit. Je suis bien incapable de classer toutes mes photos par sujet une fois qu'elles existent, alors s'il fallait le faire avant même de déclencher...

Je fais ma transition d'une définition de la photographie qui était "écrire avec la lumière", où la lumière était la matière dans laquelle se réalise l'image... à une autre définition dans laquelle la lumière serait une fin en soi, c'est-à-dire le seul et unique sujet de la photographie. Photographier, ce serait donc non plus "photographier avec la lumière" mais "photographier la lumière". Dans cette consigne programmatique, la lumière devient un complément d'objet direct, quotidien et familier.

« La seule présence de la caméra nous arrache un instant à la torpeur quotidienne et provoque un élargissement de la conscience. » — Nicolas Bouvier



Le matin par exemple, c'est toujours un peu la même photo de la même plage, du même fleuve, du même môle. C'est la même heure, la même saison, le même film. Le même appareil, le même photographe, la même humeur. Les mêmes passants, le même train-train, le même couple vitesse/ouverture. La même distance de mise au point, les mêmes réglages, il n'y a même pas à régler quoi que ce soit. Mais la lumière est différente et au final la photo l'est aussi.


Note : les citations de Nicolas Bouvier sont extraites d'un dossier
que lui consacre Paule Valois dans le numéro 2 de la revue "Destination photo".


lundi 19 novembre 2012

Seul sur le sable, les yeux dans l'eau

Je ne sais pas si c'est l'automne qui me fait ça, mais ces derniers temps je me sens très réflexif et contemplatif. Le matin aux abords de l'école, la lumière est parfois tellement improbable. Aujourd'hui par exemple, pendant quelques instants, tout était baigné dans de l'or. Vraiment de l'or. Une lumière rasante de soleil qui s'élève entre la digue et le couvercle de nuages posé sur la Loire. 

Ce soir, après une journée de vent, des milliers de feuilles par terre et accrochées partout, plaquées à plat sur les grilles de la sous-préfecture. Elles s'introduisent aussi dans les vide-poches des portières quand on monte en voiture. La palette du photographe est en friche.




J'utilise le Konica IIIA et le Konica Auto S1.6, deux vieux machins un peu déglingués que j'affectionne. Et puis de la Tri-X que je développe dans un fond de Xtol sorti du placard. Je prends en moyenne cinq à six photos par jour, sans y faire attention. Des instantanés. 




J'ai mis des mots sur la rengaine qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. Ça donne une sorte d'aphorisme. J'ai besoin d'épurer mon idée de la photo, mes compositions, mon traitement noir et blanc. J'aimerais être capable de faire chaque jour un petit haïku visuel avec mon appareil. D'ailleurs, je pense davantage à certains auteurs de littérature, à des poètes qu'à des photographes. Mes photos argentiques sont un peu comme des idées éparses : à défaut de les développer régulièrement, je m'astreins à les approfondir.

Et comme une chanson populaire, comme un poème qu'on retient sans effort simplement parce qu'il est écrit dans une langue évidente, il faut que l'image sonne bien. D'où le titre de ce billet, vous aviez bien compris.

:)

vendredi 16 novembre 2012

N.-D.D.L.

Je vous signale un très beau reportage photo (un peu court, c'est son seul défaut) paru récemment sur le site du "Monde". J'ai pensé plus d'une fois faire le déplacement car ça se passe tout près de chez moi et je connais plusieurs personnes qui sont engagées dans la cause, comme on dit. J'avais même imaginé exactement le même titre, "Notre-Dame-des-Landes, le nouveau Larzac ?" mais il me paraît un peu facile et rapide. Aux portes de la Bretagne, la référence à Plogoff serait sans doute plus valide.

Quoi qu'il en soit, une manifestation de réoccupation est organisée sur la Z.A.D. demain samedi 17 novembre 2012. La date est fixée depuis trois semaines au moins et il se dit qu'on attend 10 000 personnes pour protester contre le projet d'Ayraultport... Aujourd'hui, ce sont des élus locaux qui ont ouvert la voie.

Aux arbres, citoyens !
:)


jeudi 15 novembre 2012

111112

Pour ceux qui suivent ce blog avec un peu d'attention, et je sais qu'il y en a, le titre de ce billet fait référence à au moins deux autres précédents : celui-ci pour le titre et celui-là pour la date. Mais pour moi, c'est surtout le droit de suite de mes deux mois sans rien poster et de mes conclusions partielles sur ma pratique du noir et blanc numérique.


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Pourquoi je prends des photos chaque 11 novembre ? Ça ne s'explique pas particulièrement par une célébration de l'armistice, ne vous en déplaise. C'est juste que... c'est un jour férié, et cette année en plus c'était un dimanche, et en plus le dernier jour de mes vacances, et en plus la fin de mon déménagement dans une nouvelle maison, et en plus la fin d'un week-end entre amis. Alors...  le déclencheur se fait plaisir, l'obturateur central se détend, la pellicule se déroule puis s'enroule sur elle-même.


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Pourquoi cette année je les ai développées tout de suite ? A cause de la frustration de ne plus développer. Grâce aussi à vos réactions dans les commentaires, qui me redonnent à chaque fois envie de découvrir ces photos du quotidien. Parce que le temps passant je déclenche beaucoup, j'en remplis un frigo entier de pellicules exposées, je continue de déclencher même quand je ne ressens plus l'envie de développer.


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Alors voici quelques images d'une promenade matinale sur le front de mer. Et puis le même jour, dans les dernières lueurs, d'autres images d'un petit tour dans mon nouveau quartier.


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Je les ai faites au Konica IIIA de 1958 avec de la pellicule Kodak Tri-X qui aura bientôt disparu, développée dans un reste de révélateur Kodak Xtol retrouvé au fond d'un placard lors du déménagement. J'espère qu'elles vous plairont.

Konica IIIA and Konica IIIM rangefinder cameras : Beauty and the Beast par Dante Stella
The Idiosyncratic Konica IIIA par Ross Orr

dimanche 11 novembre 2012

Monochrom

Pour la deuxième fois en deux semaines, je me suis promené au lever du jour du côté du front de mer. Mon pote Loïc vient de s'acheter un beau Leica M9-P sur lequel les optiques défilent, et moi pour suivre la cadence j'ai utilisé les deux fois un petit boîtier micro 4/3 : l'Olympus E-PL1. Muni d'une bague Voigtländer VM, on peut y monter des optiques M ou LTM. La mise au point, fastidieuse et lente, se fait sur l'écran avec la possibilité de zoomer 7x pour affiner. En deux promenades et quelques 250 fichiers RAW, patiemment développés dans Lightroom 4 et passés à la moulinette Silver Efex Pro (excusez du peu), voici quelques observations qui valent ce qu'elles valent :

Tout d'abord, l'ergonomie est nulle. J'ai tenu bon lors de la première promenade, mais à moins de la moitié de la seconde j'ai complètement perdu patience et j'ai retrouvé mon viseur télémétrique (taille réelle 1:1) en trépignant. Faire la mise au point sur un petit écran de faible définition, en tenant l'appareil écarté du visage (manque le troisième appui) et en zoomant 7x alors que l'objectif standard 50mm devient déjà un 100mm... beurk ! Et ne me parlez pas des viseurs VF-1, VF-2 ou VF-3 !


© mon pote Loïc


D'accord, parlons des viseurs VF-1, VF-2 et VF-3... Le VF-1 est un simple viseur optique dont le cadre unique est censé correspondre au Zuiko 17/2.8. En fait il correspond très exactement au Lumix 20/1.7, ce qui est une bonne nouvelle puisque le Lumix enterre le Zuiko en terme d'utilisation à pleine ouverture, de piqué et de flou. Petit détail négligeable : le 20/1.7 est stabilisé et l'E-PL1 l'est aussi, mais les Zuiko ne le sont pas (et les boîtiers Lumix du type GF-1 ou GX-1 ne le sont pas non plus). Le VF-2, viseur électronique, est censé être la panacée ; je le trouve quelconque tendance mauvais. Le VF-3 malgré son nom évocateur n'est pas l'évolution du VF-2 mais la régression du VF-2 puisque sa définition est plus faible, d'où le prix plus bas. Fin du paragraphe.

Deuxième point donc : les fichiers RAW. Puréééée ! 76Mo en moyenne pour une image de 3000x4000 pixels. On peut dire que c'est du brut. Mon MacBook Pro en perd les pédales. Ceci étant dit, l'exposition des clichés est excellente, la dynamique des couleurs, des zones très lumineuses ou sombres est à toute épreuve... En bref, c'est comme avoir exposé et développé une Tri-X dans les règles de l'art : on peut tout faire avec ces fichiers !



Deux images de ce matin : Olympus E-PL1 + Minolta M-Rokkor 40/2 (qui devient un 80mm... )


Troisième et dernier point (qui revient au premier) : le plaisir. Bon, vu que je n'ai développé aucun film depuis des semaines, je ne vais pas prétendre qu'avoir des fichiers numériques hyper bien exposés, déjà secs et sans poussières dès le retour de la promenade soit un mauvais point. Les fichiers de l'E-PL1 sont déjà épatants à post-traiter, mais alors ceux du M9-P... avec un bon objectif et accessoirement un photographe, on peut obtenir en deux trois coups de cuillère à pot des images tip top moumoute qui en un rien de temps font fureur sur Flickr.

Conclusion ? Je suis sur le point de craquer pour un télémétrique moyen format 6x4.5 à soufflet, fabriqué vers 1957 et fonctionnant rigoureusement sans batterie. Comprenez ce que vous voudrez.


vendredi 9 novembre 2012

Deux mois...

Deux mois sans rien poster, sans rien vous dire, sans rien chercher à montrer. Deux mois. Je ne sais pas si c'est mon record sur ce blog, triste record, mais c'est long et ça me fout un peu le cafard.

Pourtant la vie la photo les choses continuent. L'expo a eu lieu, des gens l'ont appréciée, la presse locale n'a pas daigné en parler : il paraît que le sujet... n'était pas très opportun. Je plains la presse locale. Puis l'expo s'est terminée, moi concentré sur le boulot, à prendre des petites photos sans importance deci-delà sur la route quotidienne. Les marais salants au lever du jour, pas si mal.

Et puis quelques développements, quand même, pour rattraper le retard (peut-on encore appeler ça du retard ?), pour compenser le trop peu de déclenchements : Lourdes, Hellfest, l'Italie au mois de juillet.

Presque par accident, je tombe sur une bague Voigtländer qui me permet de monter mes optiques LTM sur un boîtier numérique. Il n'en fallait pas plus, arrivé l'automne, pour caresser ma paresse dans le sens du poil. Alors j'ai continué à faire des photos de rien, des trucs mal cadrés, façon tests d'objectifs et finalement ça n'était rien de plus, rien de moins qu'une promenade sympathique et vivifiante au lever du jour. A faire et à refaire !


Donc, si je me résume : des photos de rien, pas grand chose à dire, le retour à un certain fétichisme de l'appareil... Mince, je vais passer pour quoi, moi ?

Bof...

dimanche 9 septembre 2012

Enfants du voyage

« Concernant l'expo, je verrai bien ensuite »... C'est ce que je disais il y a deux ans à propos de ces photos, pour lesquelles vous avez été nombreux à me féliciter et à m'encourager.

Quand je vous ai parlé pour la première fois de ce travail, c'était en septembre 2010, dans ce billet. Je venais de vivre une expérience extraordinaire durant tout l'été après avoir simplement, un jour, décidé d'aller avec mon Rolleiflex à la rencontre des gens du voyage.

Voyageurs, gitans, manouches... Ils m'ont accueilli moi le gadjo, l'incroyant, l'indiscret avec chaleur et générosité malgré les polémiques médiatiques de l'époque... J'ai rencontré des gens vivants, fiers, fraternels. J'ai entendu des airs de guitare, des témoignages et des prières qui ont résonné longtemps en moi. J'ai photographié des visages d'enfants et d'adultes en me souvenant qu'il existe une langue ou prendre et donner, c'est le même mot.



MERCI à toute l'équipe du Parvis, et particulièrement Myriam,
qui se démène pour que l'exposition soit réussie.

samedi 1 septembre 2012

Farniente

Si vous êtes sur Saint-Nazaire ce soir, profitez-en : c'est la 6è édition du Festival Farniente sur la Plage de Monsieur Hulot à Saint-Marc ! Si vous êtes sur Nantes, ce sont les Rendez-vous de l'Erdre, c'est bien aussi. Et si vous êtes ailleurs, comme disait l'autre... allez vous faire foutre !
:)

lundi 20 août 2012

Ce sentiment d'ennui

En avril dernier, Dante Stella a publié un texte intitulé "Leica  M : that distinct feeling of ennui" que je viens de découvrir et que je trouve teeeellement vrai... Je garde précieusement le lien à côté de son autre article "That Leica CLA culture" et je ne saurais trop recommander à tous les photographes, en particulier utilisateurs de Leica, de se poser un instant et de lire ces deux textes.

Ça n'est pas directement lié à cette lecture mais mon Leica M2 est à vendre, révisé et garanti un an. J'offre les frais de port aux lecteurs de Dante Stella. Intéressé(e) ? écrivez-moi !

« Le Leica est une merveille de précision et témoigne d'une fabrication haut de gamme. Aujourd'hui, néanmoins, il fait penser à une machine certes précisément conçue, gravée au laser, usinée à l'ordinateur, polie à la main... mais qui reste une machine à écrire. 
(...) Ça va plus loin que de faire les choses comme elles ont toujours été faites au nom de la tradition. Ceux qui ont vraiment la Foi du Leica considèrent qu'aucune évolution utile n'est apparue sur un appareil photo depuis 1986. Rien de ce qui manque à un Leica M ne leur semble signifiant, désirable ou pertinent.
(...) Pour l'auteur de ces lignes, la part la plus perfide de cela c'est la dissonance cognitive qui apparaît lorsque quelqu'un porte 8000 euros de matériel autour du cou mais s'imagine être un Bouddhiste Zen de la photo. »
— Dante Stella

mardi 3 juillet 2012

Les amoureux du Hellfest

Certains d'entre vous se rappelleront peut-être cette photo qui clôturait ma première série au Hellfest 2011 : deux amoureux s'embrassant goulûment. Cette année aussi j'ai mes deux amoureux du Hellfest : plus sages, mais l'image est plus directe aussi, avec ces deux paires d'yeux qui disent la jeunesse, le rock, l'été... tout quoi. 


J'aime ce regard simple des gens, quand je me plante devant eux sans rien dire, sans même parfois établir un contact par le regard. Ça tient du jeu, de l'amusement, il n'y a pas (encore) de méfiance. Oui le sourire est une pose, mais il est spontané. Et dans ces regards, il n'y a rien qui cherche à plaire : juste le plaisir de se laisser "attraper" comme on attrape ce 1/125ème de seconde qui s'enfuit.

samedi 30 juin 2012

Julia Pirotte

Au gré de mes errances sur la toile, je découvre à l'instant Julia Pirotte, photographe de la résistance et son Leica de 1931... Ce qu'elle dit de son appareil illustre ce que j'ai essayé ici-même, plusieurs fois, de formuler. A savoir l'attachement du photographe envers son outil et la façon dont l'outil choisi induit une façon de photographier.



Curieusement, son autoportrait au Rollei datant de 1943 me fait énormément penser à ceux de Vivian Maier. Comme quoi il peut y avoir une sensibilité et une pudeur toute particulière à se prendre en photo dans un miroir.

Julia Pirotte dit qu'elle n'était en 1943 comme toutes les autres filles ni trop gaie ni trop triste. Dans les autoportraits au Rolleiflex de Vivian Maier, il y a souvent un peu d'amusement, de jeu, un défi d'originalité. Mais certains sont aussi très frontaux, sans style particulier. C'est exactement ceux-là qui me plaisent le plus, comme celui de Julia Pirotte.

dimanche 24 juin 2012

Hellfest 2012, premiers portraits

Quand Hellfest 2012 a commencé, je suis resté à la maison. Depuis des mois je savais que j'y retournerais cette année, mais depuis des mois j'étais exclusivement concentré sur Lourdes. En 2011, Hellfest était mon principal projet photo ; en 2012, il était passé au second plan parce que c'était une deuxième fois et que je n'étais pas du tout sûr de pouvoir me renouveler. Le premier jour du festival, vendredi 15 juin, il pleuvait des cordes et j'étais épuisé par ma semaine de boulot. Depuis mon retour de Lourdes, je me sentais vidé et je n'avais quasiment pas déclenché depuis trois semaines. J'ai donc laissé passer...



Heureusement le samedi la météo était plus engageante et moi un peu reposé. J'ai empaqueté léger : un appareil à la main et un second dans mon plus petit sac, avec cinq rouleaux 120 et une dizaine de pellicules. Deux à trois fois moins de matériel que l'an passé, pour plus de spontanéité une fois sur place. J'ai commencé par plusieurs pellicules peu sensibles — PanF 50 et APX 100 — en 24x36 puis le soleil déclinant je suis passé au Rollei avec de la FP4+ et de la Tri-X. Ma cellule à main (sans pile) est dans les choux assez rapidement quand la lumière vient à manquer : j'en ai pris mon parti et je n'ai plus fait de photo aussitôt le soleil couché. Aucune photo de la scène non plus, parce que j'avais compris l'année dernière que ça ne servait à rien : tant d'autres photographes armés jusqu'aux dents par millions de pixels et milliers d'ISO font ça tellement mieux... enfin en tout cas ils le font déjà.



Que me reste-t-il ? Comme d'habitude des portraits, le plus souvent à distance rapprochée, consentis ou surpris sur le vif, certains posés et d'autres non mais en tout cas jamais "dirigés" par moi. Je me plante là devant eux et je photographie les gens tels qu'ils sont, avec leur allure de durs à cuire et leur sourire à peine retenu, leurs grimaces, leur lassitude d'être la cible répétée des photographes et des caméras.



Voilà les premiers portraits tirés du premier rouleau que je viens de développer. Pour une raison que j'ignore, je n'ai jamais eu autant de poussières sur un négatif. J'ai passé des heures à post-traiter 4 images sur 12 et j'ai abandonné les 8 photos restantes. Je vais devoir inspecter tout mon "labo" avant de continuer...

lundi 18 juin 2012

De Lourdes au Hellfest

En l'espace de trois semaines, je viens de réaliser deux séries de photos : la première à Lourdes (65) lors du pèlerinage de Pentecôte, la seconde à Clisson (44) pendant le festival Hellfest. Sur le papier, ça fait un écart considérable : les pèlerins plongés dans le silence du recueillement et de la prière, les festivaliers exubérants assommés par le vacarme des amplis... d'un côté l'apparition de la vierge dans une grotte, de l'autre des champs dans lesquels on célèbre l'enfer... à l'extrême market vous achèterez des flags, des badges, des t-shirts, vous vous ferez piercer, dans la rue Bernadette Soubirous vous achèterez des fanions, des badges, des t-shirts, vous boirez de l'eau bénite. Aux Pyrénées le portrait de Bernadette démultiplié, au vignoble nantais l'enfer décliné dans toutes ses variantes. Ici les hordes de métalleux venus de toute l'Europe, là les infirmes, les malades et leurs infirmiers... venus de toute l'Europe.

Deux façons de communier qui parfois se rejoignent, deux lieux où l'on se sent seul aussi.

En prônant un style de vie alternatif, en affirmant haut et fort n'avoir ni foi ni loi, les adeptes du Hellfest forcent un peu le trait. Le photographe bondit d'une "tronche" à l'autre en ne retenant que les looks les plus inédits, les plus extrêmes, donc les moins représentatifs de la majorité, qui se rassemble ici pour la musique tout simplement. Il y a une prime à celui qui paraîtra le plus méchant, le plus rugueux, le plus caverneux. Le Hellfest se porte sur soi : chapeau, badges, t-shirt noir aux gros caractères montrant qu'on est de la "crew", coupe-vent rouge vif des "all access troops", bracelet à paillettes (2011) ou rouge (2012) des V.I.P., écussons cousus sur un vieux blouson jean's, barbe hirsute, cheveux longs et gras, gadoue séchée du vendredi soir sur des rangers à crampons, torse nu tatoué recto-verso, casque à pointes, à cornes, crête de cheveux bleus ou rouges, petit short sur bas résilles, ceinture de douilles, collier à clous, bandana et Ray-Ban, gobelet consigné suspendu à la ceinture, oreilles nuque nez sourcils langue lèvre nombril percés, et les fameux bouchons d'oreilles qui vous empêchent d'écouter la musique et qui font que tout le monde se gueule dessus partout tout le temps, au bar aux cabanes à frites aux banques de jetons au carré V.I.P. sur le chemin du Red Camp et aux abords du Metal Corner, évidemment. Mainstage 01.



En prônant une certaine foi chrétienne qui s'appuie sur des processions et des reliques, les pèlerins de Lourdes ne craignent pas d'en faire un peu trop. Le photographe peut se planter là, à moins de 2m des gens, et déclencher autant qu'il le souhaite sans être inquiété ni repoussé. On lui donnera à voir avec ou sans grande sincérité la foi la plus intense, la piété la plus ostensible qui soient : dos courbé, mains jointes, un carré de tissu replié sur les épaules portant le nom d'une paroisse, deux jerricans d'eau bénite remontant la place de la basilique, quelques milliers de bouteilles représentant la vierge qu'il s'agit de décapiter lorsqu'une sainte soif vous prend, bouteilles qu'on retrouvera quelques années plus tard contenant encore un peu de leur précieux liquide dans les fonds de placard d'une grand-mère qui vient de mourir, des bougies et des cierges, 150 euros celui de 20Kg, « Cette lumière prolonge ma prière », des bracelets en caoutchouc de toutes les couleurs en Français en Italien en Espagnol disant « A la grotte bénite, j'ai prié pour toi... » « Alla Grotta Benedetta ho Pregato per te... », la croix autour du cou et le chapelet à la main, les lèvres qui murmurent qui marmottent des prières en boucle, les yeux qui montent au ciel pour accompagner les suppliques, le visage de Bernadette sur des assiettes des mugs des médaillons des bracelets des taies d'oreillers des porte-clefs, tout le monde fait ch...ttt le doigt devant les lèvres tendues en cul de poule dans la rue des marchands du temple aux carrefours de la foi où les Roms s'agenouillent, sur le chemin qui mène à la basilique aux processions aux flambeaux aux reliques de Bernadette à la grotte. Mainstage 02.



Le premier soir à Lourdes, plongé dans une procession nocturne de plus de 5 000 personnes, j'ai eu l'impression que tout le monde communiait. Puis, à force d'y retourner, je me suis rendu compte progressivement qu'en réalité chacun est d'abord là pour soi. L'apposition des mains par un homme d'église est un privilège, le contact physique entre pèlerins est assez rare. L'air sent la cire et le shampooing. Les cloches de la basilique sonnent la mélodie d'un Ave Maria que la foule reprend en cœur, chacun sa voix chacun sa foi. 

De la même façon, 120 000 personnes rassemblées samedi soir devant G.N.R., Axel Rose en maître de cérémonie. L'écran géant et le cordon de sécurité dans lequel passent des photographes agrémentés par vingtaines. Pendant des prestations moins sages, dans l'après-midi, le cœur du public s'anime, pogo en masse. Ici les filles ont une place à part : elles sont entre elles ou bien elles accompagnent. Le photographe ne surprend que très rarement un geste d'affection ou de tendresse, et reste perplexe devant le spectacle de quatre filles dévêtues se trémoussant de façon suggestive dans un conteneur à 3m du sol, au-dessus du bar, boule à facettes et fumigène. Les bras levés et la tête marquant le rythme, des cris bestiaux scandent le solo du "guitar hero". L'odeur de la terre trempée se mêle aux effluves de bière et de friture. Et si la voix au micro s'adoucit ou devient trop lisse, de joyeux lurons se tapent dans le dos et plaisantent... La voix des anges ou les cris de l'enfer, chacun ses goûts. 

« L'Eglise nous disait taisez-vous et écoutez dieu. La société nous dit faites du bruit et n'entendez rien»
— Edward Bond

vendredi 8 juin 2012

Je peux...

Je peux à présent vous parler de mon projet secret, celui que j'avais évoqué ici. Je peux vous révéler qu'il s'agissait d'un aller/retour entre Saint-Nazaire et Lourdes en bonne compagnie. Je peux vous dire ce que j'allais faire là-bas. Je peux compter les kilomètres (1 300), les nuits, les heures, le nombre de fois où je me suis rendu à pieds dans le centre (7), et je peux vous donner une approximation du nombre de photos prises dans les rues de Lourdes (1 000).

Je peux commencer à développer (c'est fait), à scanner mes images, à les trier pour vous les présenter. Je peux aussi prendre mon temps, laisser décanter, faire mes tirages "maison" et les regarder plusieurs fois pour en penser autant de bien et autant de mal possible. Je peux... essayer de faire quelque chose de tout ce matériau. Une expo, un livre en auto-édition. Je peux tout ça.


Mais je préfère me concentrer sur le week-end prochain : mon retour à Hellfest, un autre regard photographique à dénicher. Je peux compter sur vous pour continuer à suivre ce blog, même si le plus souvent je soliloque.

Alors à bientôt !

lundi 4 juin 2012

La photographie en bois


« Quand j'ai sauté en marche dans la photographie, elle était en bois. Aujourd'hui, la voici devenue quasiment électronique. Je reste le nez à la portière avec la même curiosité que le premier jour.
Cette curiosité animale est le moteur. Celui qui en est dépourvu pourra toujours consulter des livres et des livres, bourrer sa mémoire, il ne promènera ensuite sur le monde que l'œil d'un veau gonflé aux hormones.
Pendant le trajet, je n'ai pas vu le temps passer, trop occupé que j'étais du spectacle permanent et gratuit offert par mes contemporains, les soulageant, quand l'occasion se présentait, d'une image au passage. »


— Robert Doisneau, in A l'imparfait de l'objectif,
Souvenirs et portraits
Belfond 1989/Babel 1995, p. 9

mardi 22 mai 2012

Rome, acte III scène 4

C'était mon troisième périple romain, mais la première fois que je logeais en plein centre et en appartement. Cette solution présente un tas d'avantages : ça ne coûte pas plus cher que l'hôtel, vous pouvez aller et venir à toute heure et il n'y a aucune incursion dans les lieux pendant le séjour. D'ailleurs, le Rolleiflex a fini par rester à demeure sur la table de cuisine parce que je ne l'utilisais pas. Je ne me le serais sûrement pas permis sans inquiétude dans une chambre d'hôtel, une auberge ou une tente...

L'appartement était situé à 50m de la Piazza Navona (très belle et très touristique) et à 20m du Campo de' Fiori, une place de taille moyenne bordée de terrasses, surplombée d'une statue de Giordano Bruno et sur laquelle a lieu un marché de fleurs, de légumes et d'épices.



lundi 21 mai 2012

M

Je reviens de Paris. Quatre jours et une toute maigre moisson de photos. Pour autant, je me suis dégourdi les jambes, j'ai rempli mes poumons de l'air infect du métro, je me suis pris quantité de poussière dans les yeux et dans les chaussettes, j'ai revu pour la énième fois tous ces gens qui font la gueule mieux qu'aucun provincial. En bref, le gros kiffe parisien.

Plus sérieusement, j'ai apprécié les plats indiens, le batobus "hop on, hop off" et le rayon de soleil dans les rues de Belleville. J'ai moins aimé la porte de Bagnolet, la gastro et le torrent de pluie à Montparnasse. C'est comme ça.




J'ai roulé, roulé, roulé. 900 petits kilomètres, j'en ferai bien plus le week-end prochain... chuttttt... :)

La semaine dernière, si courte, j'ai enfin envoyé le M2 et le 50/1.5 en révision. J'espère les retrouver en grande forme... eux, pas moi... enfin moi aussi mais moi ça va déjà... enfin ça va mieux qu'eux en tout cas. D'ici là, mon pote Loïc est un mécène : il m'a prêté ses Leica M6 et M8.

Argh ! Le M6 ne change pas grand chose par rapport au M2. L'indication de la cellule dans le viseur, au lieu de me simplifier la tâche, m'embrouille un peu mais je m'y ferai. Avec le M8 par contre, j'ai du mal à trouver mes repères.

  • Le mode A : j'en ai complètement perdu l'habitude depuis la vente des Hexar RF, Zeiss Ikon et Minolta CLE. Le M8 expose juste et produit des fichiers qui, une fois convertis en noir et blanc, conservent une grande dynamique (comme un bon film du genre Kodak Tri-X ou Agfa APX 100).
  • Les cadres dans le viseur : ouille ! J'ai vraiment du mal à m'y faire... Le viseur du M8 a un taux de grossissement de x0,68. Mon objectif 35mm y fait apparaître un cadre à peu près équivalent à celui du 50mm sur le M6 (viseur x0,72), et si je déclenche l'écran affiche une image correspondant à peu près à un 40mm, c'est-à-dire plus serrée qu'un 35mm mais plus large que le cadre indiqué dans le viseur. Cela me donne la même impression qu'avec un reflex dont le viseur ne couvrirait pas 100% de l'image. Traditionnellement, la visée télémétrique a cet avantage sur la visée reflex : non seulement de montrer l'image plein cadre, mais même de "déborder" de l'image pour voir la scène. A l'usage, le viseur du M8 est donc un peu déconcertant.

Résumons-nous. Le capteur 18x27mm du Leica M8 représentant 75% d'un format 24x36mm (capteur ou film), les longueurs focales habituelles sont à multiplier par 1,33 (l'inverse de 0,75)
- un objectif 35mm devient un équivalent 47mm ;
- un objectif 40mm devient un équivalent 53mm ;
- un objectif 50mm devient un équivalent 66mm ;
- un objectif 90mm devient un équivalent 120mm ;
- un objectif 100mm devient un équivalent 133mm.

Bref, je galère.


J'étais convaincu, pour l'avoir lu maintes fois sur le web à propos des appareils hybrides, que la profondeur de champ dépendait elle aussi de la taille du capteur. Autrement dit qu'à f/1.4 sur un M8, on obtenait la PDC équivalente à f/1.9 sur un M 24x36. Le mode d'emploi officiel du M8 dit qu'il n'en est rien : lisez plutôt ceci (page 18) !

Comme quoi, j'apprends des choses utiles... Ouais, moquez-vous...




Avec tout ça, pourquoi je me fais du mouron ? Parce que. Quand on a fait le tour des questions techniques, on n'a encore pas avancé d'un pouce dans la réalisation d'une bonne photo. Et moi, c'est comme ça, je me mets la pression. Parce que j'aime ça, sûrement.


Summilux : le système M
Rome au M2, Naples au M8