dimanche 27 octobre 2013

Ecrit à Londres

Je suis à Londres depuis une petite semaine et je retourne chez moi demain. J'étais déjà venu à Pâques et ces quelques jours ont confirmé tout le bien que je pense de cette ville. Je n'ai pas fait autant de portraits que j'aurais voulu, mais j'en ai fait quelques uns et puis… j'ai découvert des quartiers que je n'avais pas pris le temps de voir il y a six mois.


A Camden market, j'ai trouvé une ambiance très improbable qui m'a rappelé le Hellfest. Dans les rues avoisinantes, déjà, on croise des badauds habillés comme pour un carnaval. Chacun sa référence vestimentaire, l'ensemble est plutôt bigarré. C'est le royaume de la babiole, de la junk food. Il paraît qu'on y trouvait encore un artisanat digne de ce nom, il y a quelques années. Aujourd'hui 95% des marchandises à vendre sont made in China et les trois quarts des commerçants sont eux-mêmes d'origine asiatique. C'est aussi un labyrinthe surchargé de tissus, de miroirs, un temple nostalgique et poussiéreux dans lequel tout est objet de commerce.

J'ai utilisé à part égale mon petit boîtier fétiche du moment : le Konica IIIA équipé de son Hexanon 48/2 ainsi que le Konica Hexar. Mon second KIIIA avec son optique 50/1.8 est resté au stand. Contrairement à la fois précédente, j'ai délibérément laissé le reflex à la maison et je n'ai utilisé qu'un seul film : la Kodak Tri-X.


Alors les trois premiers jours, un petit rouleau par jour. Puis le troisième (le jour de Camden), trois rouleaux d'un coup. J'ai essayé de résister à la tentation de la photo "touristique" : bâtiments (Big Ben, Tower Bridge) ou détails pittoresques (bus à étage, cabines téléphoniques, panneaux de signalisation). Je recherche de nouveau, avec une certaine avidité, le portrait de rue.




Depuis bientôt six ans, j'ai gardé très fort en moi l'obsession de réussir, un jour, une bonne photo. Je suis persuadé qu'elle viendra à partir d'une rencontre fortuite, dans la rue par exemple. Je crois de plus en plus à cette théorie surréaliste qui prône le surgissement du rêve, de la poésie dans le quotidien. Ça a marqué Cartier-Bresson dans ses années de formation, on retrouve aussi cela dans certaines photos de Izis, de Ronis, de Boubat. 

Qui sait ? Un petit moment de poésie m'attend peut-être sur le ferry, demain ? En tout cas, je vous souhaite d'aussi bons moments que ceux que j'ai passés ici à marcher et discuter dans les rues, les parcs, les pubs et les musées de Londres, muni d'une bonne paire de chaussures, l'appareil à la main et quelques pellicules noir et blanc dans les poches.

mardi 15 octobre 2013

La théorie de la claque visuelle

Hmm...
Jours de pluie et de douleur aiguë : je suis consigné à la maison pour quelques jours pour cause de sciatique. Je viens d'en profiter pour relire quelques pages de ce journal télémétrique.




Depuis plusieurs mois déjà, je ne parle que d'épurer la photo, c'est-à-dire à la fois se défaire des préoccupations parasites et vider le rectangle (au lieu de le remplir). Dans le dernier billet, un lecteur du blog souligne un point sensible : y a-t-il dans ce "retour aux émotions brutes" un côté mystique ?







Je recopie ici la réponse que je lui ai faite :
Un côté mystique ? Ça ne m'étonnerait pas trop effectivement. Mais mystique laïc alors. Quant à être à l'écoute de ses émotions, sincèrement, c'est une discipline à laquelle j'essaie de m'astreindre autant que je peux. Ce n'est pas si évident d'épurer la photo de l'intellect, des doutes, des craintes. En juillet dernier, je me suis retrouvé au sommet du Mont Ventoux. La claque visuelle est telle qu'il est facile d'appuyer sur le bouton sans arrière-pensée. Le plus difficile, c'est d'agir de la même façon au coin de la rue.






Je ne vous avais pas encore montré les photos en question, prises sur le Mont Ventoux et le Mont Serein. C'est chose faite maintenant. Vous conviendrez sans doute que ça m'a mis une claque.