lundi 30 septembre 2013

Appuyer sur le bouton

Je viens d'entamer une drôle de lecture : La Photographie en collection de poche par un certain Edouard Boubat. Un livre que j'ai acheté comme un souvenir de ma dernière visite à la M.E.P., fin août. Je suis intrigué, pour ne pas dire un peu déçu, de constater qu'un type comme lui ait perdu son temps à rédiger ce manuel technique. A vrai dire, le seul intérêt que je trouve au bouquin jusqu'ici est de revoir certaines de ses photos, légendées pour servir d'exemple dans telle ou telle situation.




Pourtant, un petit mot de son introduction m'a quand même touché, parce qu'il correspond exactement à ce que je pense actuellement sur mes propres photos : « Je vois des choses étonnantes ou rares et le plus souvent, comme par prédilection, la simple banalité. La banalité, c'est la vie même : un rayon de soleil sur une fenêtre, la pluie sur un étang, la pénombre dans une chambre, le rire dans les yeux. Certes, l'extraordinaire nous attire un instant. Mais la simplicité, toujours présente et changeante, nous retient plus longtemps parce que c'est en elle seule que réside l'essentiel. »






Et cinq lignes plus bas : « Je suis confondu par mon impuissance à dire comment je m'y prends. Au vrai, je n'ai rien à faire qu'à appuyer sur le bouton. La photo, ce n'est que ça, rien que ça. »






Je ne lis pas que des notices, des manuels techniques ou des modes d'emploi, heureusement. J'ai la chance cette année d'enseigner les Lettres dans un lycée. Alors le plus souvent, je lis des romans et j'en étudie des extraits. Des classiques comme Mme de La Fayette, l'Abbé Prévost, Marivaux, Diderot, Sade, Stendhal, Balzac, Flaubert, Maupassant, Proust, Radiguet... par exemple. Depuis mon retour à Orsay, je passe aussi du temps à redécouvrir des tableaux. La petite vie intérieure n'en est que plus stimulante.

Est-ce que ça modifie ma façon de faire des photos ? Certainement, car j'ai perdu toute ambition photographique : je ne fais que des photos simples. Je me contente littéralement d'appuyer sur le bouton. Pas vous ?




4 commentaires:

Pascal P. a dit…

Bonsoir Nicolas, enfin vous nous offrez quelques clichés...qui sont toujours très attendus !
Le style est le même, dépouillé mais avec une ambiance qui vous est particulière.
J'aime bien la 4éme et sans aucun rapport, ma préférée de Boubat ? "l'arbre et la poule"...
Appuyer sur le bouton, certes oui, mais quand ?
Merci pour ces images.
Pascal P.

Nicolas a dit…

Bonsoir Pascal, merci pour votre message, très sympa. Quand appuyer sur le bouton ? Je dirais... juste avant que le rideau ne s'ouvre, non ?

A bientôt j'espère !
;)

Lou a dit…

Abandonner toute ambition, voilà qui me semble salutaire, dumoins si c'est pour se vider l'esprit de toute considération parasite et se mettre à l'écoute de ses émotions. Il y a un côté mystique à cela.

Nicolas a dit…

Merci Lou pour ton message ! Un côté mystique ? Ça ne m'étonnerait pas trop effectivement. Mais mystique laïc alors. Quant à être à l'écoute de ses émotions, sincèrement, c'est une discipline à laquelle j'essaie de m'astreindre autant que je peux. Ce n'est pas si évident d'épurer la photo de l'intellect, des doutes, des craintes. En juillet dernier, je me suis retrouvé au sommet du Mont Ventoux. La claque visuelle est telle qu'il est facile d'appuyer sur le bouton sans arrière-pensée. Le plus difficile, c'est d'agir de la même façon au coin de la rue.