samedi 6 juin 2009

Les producteurs de lait

Mercredi 3 juin 2009, devant une fromagerie non loin de chez moi : un groupe de "producteurs de lait", comme les medias les appellent pour ne pas dire des mots plus simples, bloquent l'usine pour protester contre le prix d'achat du lait imposé au rabais par l'Europe...

« L'année dernière, on nous payait presque trop cher. Et puis cette année ça baisse d'un coup, sans aucun motif. On nous dit que les stocks sont trop importants, la fois d'après il n'y a plus de stock du tout. C'est comme avec les céréales : en fait personne ne sait vraiment où en sont les stocks, et on spécule... Un dixième d'indice de plus ou de moins décidé par l'Europe, ça fait une différence énorme pour nous.

Ce qui ne change pas, c'est qu'on doit traire deux fois par jour. On est toujours à s'inquiéter pour nos vaches. Le soir on entend le chien qui aboie et voilà qu'on gamberge : est-ce qu'il y en a une qui est sortie, est-ce qu'il y a un problème ? C'est un boulot très prenant et très fatigant. Bien sûr on l'a choisi par passion, mais c'est pas une raison pour se foutre de nous.

Cette usine achète du lait à plusieurs gars qui sont là. Ça ne nous arrange pas de bloquer l'usine, si on pouvait s'en passer... Hier soir on a pu discuter avec le patron, pendant une demi-heure. Il voulait qu'on dégage l'entrée avant de discuter du prix. Nous on voulait l'inverse. La discussion s'est terminée et un quart d'heure plus tard l'huissier arrivait. Il l'avait prévenu depuis longtemps. L'huissier a constaté le blocage et nous a dit que la gendarmerie pouvait intervenir.

Depuis ce moment, on paye 300 euros par heure pour continuer le blocus. Les gendarmes passent quatre fois par jour : ils nous demandent si on compte partir, on leur répond non, ils font le tour et repartent. Ils n'ont pas plus que nous envie que ça dégénère. »

Il s'agit de combattre une décision prise à l'échelle européenne, mais qui a des conséquences sur des contrats locaux. L'usine, cachée au bout d'une petite rue en plein bourg, appartient à un grand groupe international.

Ils ont la colère tranquille, les producteurs de lait. Mais s'il faut durcir le ton, ils iront.

On est mercredi midi, c'est l'heure de manger. C'est un moment convivial, l'humeur est détendue malgré la détermination.

On va partager le pain à l'ombre de quelques arbres.

Soleil de plomb. René s'occupe du repas tout en gardant un œil tourné vers l'entrée du parking.

Les plus jeunes ne sont pas les plus innocents. Le discours politique est on ne peut plus concret, épuré de toute polémique. Les questions à régler ont à voir avec le quotidien.

Depuis deux jours, les premiers titres concernent la disparition de l'Airbus AF-447...

Les perspectives ? Pas grand chose à attendre en local. Certains sont prêts à aller plus loin, à jeter leur production de lait... pour d'autres, psychologiquement, ce serait trop dur.

Je remercie Fabien, René et les autres pour leur accueil ouvert et bienveillant. Ils ont quitté les lieux depuis, pourtant le problème n'est pas réglé. Il n'y a pas grand chose qu'on puisse faire, alors... et si dès demain on votait intelligemment, pour commencer ?


Bronica EC-TLII + Zenzanon 100mm/2.8

Ilford HP5+ + Agfa Rodinal
1+25, 6 minutes

5 commentaires:

Denis G. a dit…

Ton blog s'enrichit maintenant du reportage avec talent, bravo!:)

Unknown a dit…

Excellent reportage !

Nicolas a dit…

Merci à vous 2 !

Anonyme a dit…

Bien ton reportage, il en faut des comme ça. Dommage d'utiliser de la 400, on perd en finesse ... bon le scan aussi doit pas arranger les choses !
Continue !
Xavier

Nicolas a dit…

Merci Xavier. A mon avis plus fin que ça, c'est lisse ! Le scan est à 1/3 de la définition maxi et le fait d'utiliser de la 400ISO permet de fermet le diaph à f/8... ce qui donne beaucoup plus de finesse de détails qu'à f/4... Je te suggère de méditer là-dessus... ;)