mardi 24 décembre 2013

N'être pas chez soi

La photographie serait ennuyeuse si elle ne consistait qu'à rechercher une zone de confort, un chez soi. Développer un style, ce n'est pas creuser toujours le même sillon. Au contraire : « Un style, c'est arriver à bégayer dans sa propre langue » comme dit Deleuze.

Hésiter, c'est progresser. Trouver un truc, c'est stagner. 




J'ai décidé de revenir sur mes pas. De pratiquer, de nouveau, le portrait de rue. Et vous savez quoi ? Ça n'est pas facile de s'y remettre. A un certain moment, vers 2009-2010, j'utilisais principalement des appareils moyen format 6x6 tels le Rolleiflex, les Bronica S2, EC-TL ou C, le Rittreck 6x6, le Minolta Autocord... et lorsqu'on me disait que mes portraits étaient bien, je disais "merci" mais j'en doutais beaucoup.




Mon attrait pour le 6x6 s'est estompé, j'ai revendu un à un mes boîtiers. C'était presque une ascèse, mais je n'ai eu aucun regret : pendant quelques mois, ça m'a permis de progresser un peu en composition. Mes images carrées étaient souvent mal composées, alors j'ai repris mes gammes en 24x36.




Mais je ne suis pas tout d'un bloc, et je bégaye parfois dans ma propre langue. Alors j'ai récemment acheté un Rolleicord... puis un Bronica C. J'ai ressorti deux optiques qui étaient restées tout ce temps au placard et timidement, j'ai recommencé à aller au-devant des passants dans la rue. Je ne sais pas encore ce que ça donne. J'attends d'avoir davantage de photos pour développer plusieurs rouleaux d'un coup.




Ah oui : j'ai écrit ce billet à Angers. C'est pas très loin de chez moi, mais c'est très bien. :)