dimanche 16 juin 2013

Moleskine

Cher journal télémétrique, je te néglige décidément ; mais c'est pas ma faute. Non. Ben oui, non : c'est que pendant que je me tais ici, je noircis soixante et quelques pages sur un cahier Moleskine. Des mots, des dates, des croquis aussi. Des croquis des photos que je ne développe pas, que je ne développe plus.







Clic. Clac. Clic clac Kodak. Je déclenche sans savoir — sans avoir — sans en voir le résultat. 600 photos à Londres, deux rouleaux développés. Pareil à Lourdes, de la couleur : je claque une centaine d'euros au labo mais les négatifs restent là, dans la boîte cartonnée dans laquelle ils m'ont été déposés. Une photo m'a paru pas mal, et encore.



Cher journal télémétrique, chère lectrice cher lecteur, un poème pour toi :

Incertains du cœur
Incertains de l'âme
et des mouvements de l'esprit
Ignorant des fruits de l'ombre
Ignorante du soleil
Insoucieuse insouciant
dormant dans la confidence
de la source de la feuille
de la framboise étourdie
d'une taille de fougère
oublieuse oubliant
le temps le songe écoutant
et parfois n'écoutant plus
Enfants de terre incertaine






Il y a quelque chose que mon Moleskine ne peut pas faire : c'est me permettre de partager les quelques images qui me restent. Alors c'est à ça que tu me sers, mon amour télémétrique.

 Le poème « Ignorante ignorant » est de Henri Bauchau